La ruée vers le blockchain

Offert par Les Affaires


Édition du 05 Novembre 2016

La ruée vers le blockchain

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Édition du 05 Novembre 2016

D'un moment à l'autre, une cargaison de 88 balles de coton en provenance du Texas arrivera à Qingdao, au nord-est de la Chine. Vous me direz que de telles livraisons arrivent régulièrement. Vous aurez raison. Mais ces balles de coton ont ceci de particulier qu'elles ont été payées grâce à une technologie de blockchain, combinée à des contrats intelligents et des traceurs connectés. Une première mondiale, selon Wells Fargo et la Commonwealth Bank of Australia, les deux banques qui se sont échangé le montant de la transaction, quelque 35 000 $.

Brièvement, le blockchain est un registre partagé d'écritures numériques inviolables. Ses avantages, bien connus pour le secteur financier, sont aussi valables pour le commerce international : rapidité, transparence entre le vendeur et l'acheteur, traçabilité, sécurité. En l'occurrence, le voyage des balles de coton a été accéléré du fait qu'à chaque port d'étape, l'arrivée de la marchandise était détectée, déclenchant automatiquement le paiement. Finis les oublis, les erreurs, les retards.

Plusieurs promettent qu'avec de tels attributs, les technologies de blockchain transformeront du tout au tout la façon dont nous faisons des transactions. «Des transferts monétaires aux transactions de titres en passant par la signature de contrats légaux», comme l'a détaillé Todd McDonald, cofondateur et chef de l'exploitation du consortium R3, lors de son passage à Montréal en septembre, à l'occasion du Forum Fintech.

En août, 50 grandes banques s'étaient affiliées au consortium R3, une organisation internationale établie à Londres et à New York et qui vise à promouvoir le blockchain dans le système bancaire. Aujourd'hui, ce réseau compte plus de 70 membres, dont les grandes banques canadiennes. En France, une initiative comparable, quoique nationale, est passée de 12 à 25 participants en moins d'un an. La vague s'en vient, et personne ne veut manquer le bateau.

C'est bien simple : d'après un sondage réalisé par Accenture, 90 % des grandes banques européennes et nord-américaines étudient le blockchain à des fins de paiements, particulièrement les paiements transfrontaliers. Elles sont même 17 % à estimer être à l'avant-garde. Visa, par exemple, pourrait le prétendre, avec son produit Visa B2B Connect, lancé en octobre, qui vise à faciliter les transactions commerciales internationales.

Fait notable, Accenture secouait tout récemment la communauté du blockchain en lançant un produit permettant d'éditer les registres. Autrement dit, de modifier les écritures. Pour contrecarrer les erreurs humaines, la fraude et permettre le droit à l'oubli. Disons que ce détournement du fondement même du blockchain, sa fiabilité, n'est pas du goût de tous.

Julie Cailliau 
Rédactrice en chef
julie.cailliau@tc.tc

Suivez Julie Cailliau sur Twitter @julie140c

À propos de ce blogue

Julie Cailliau est éditrice adjointe et rédactrice en chef du Groupe Les Affaires, dont l’équipe de journalistes chevronnés publie le journal Les Affaires, le site lesaffaires.com et le magazine Les Affaires Plus. Elle est également présidente du conseil d’administration de la Fondation des prix pour les médias canadiens. Diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille, en France, Julie a pratiqué le métier de journaliste au sein de plusieurs publications françaises et québécoises. Dans une vie précédente, elle a œuvré à titre d’ingénieure en biotechnologies. Son « why », c’est d’apprendre et d’informer afin de nous permettre de faire les bons choix. La prise de conscience de l’urgence environnementale et l’émergence de l’entrepreneuriat social comptent pour elle parmi les tendances les plus réjouissantes actuellement.