À contre-courant: en Bourse comme aux échecs

Publié le 15/07/2022 à 11:02

À contre-courant: en Bourse comme aux échecs

Publié le 15/07/2022 à 11:02

Aux échecs, comme à la Bourse, Magnus Carlsen et l’investisseur «contrarian» doivent procéder à une analyse en profondeur avant d’aller à contre-courant. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Actuellement classé numéro un au monde, Magnus Carlsen est sans contredit l’un des meilleurs joueurs d’échecs de tous les temps. Sa dominance pendant plusieurs années est d’autant plus impressionnante qu’elle est survenue à l’ère moderne des échecs.

En effet, l’avancement de la technologie permet aux joueurs d’optimiser leurs séances d’entraînement. Grâce aux ordinateurs, les joueurs peuvent étudier de multiples positions et identifier les meilleurs coups à jouer dans une situation donnée. Ils tenteront ensuite de reproduire ces coups optimaux lors d’un match.

Selon moi, l’accès à la technologie est l’une des raisons pour lesquelles de nombreuses parties traditionnelles de haut niveau se terminent par un résultat nul. Les joueurs étudient essentiellement les mêmes coups.

Alors, comment faire pour gagner dans ce contexte?

La réponse est simple: aller à contre-courant.

Pour se démarquer, Magnus Carlsen cherche des coups différents de ceux proposés par l’ordinateur. Il cherche les coups qui ne font pas l’unanimité dans la communauté des joueurs. En jouant ces coups surprenants, il espère déstabiliser son adversaire et l’entraîner dans des situations hors de l’ordinaire et non anticipées.

L’investisseur à contre-courant

La stratégie employée par Magnus Carlsen me fait drôlement penser à celle d’un investisseur à contre-courant, aussi appelé «contrarian».

L’investisseur «contrarian» recherche des situations qui ne font pas l’unanimité. Il cherche à agir à l’inverse de la majorité. Par exemple, il est à l’affût d’occasions d’investissement dans des secteurs boudés et évite ceux qui sont populaires ou font l’objet de spéculation. Plus simplement, il achète quand tout le monde vend et vend quand tout le monde achète.

Un investisseur «contrarian» tentera d’identifier des situations où le sentiment est défavorable. Il devra user de ses connaissances et de son expérience pour déterminer si les facteurs qui ont fait perdre de la valeur à un titre sont justifiés. Il devra toutefois être prudent, car la ligne entre un problème permanent et un problème temporaire peut parfois être mince. Ces situations problématiques sont souvent difficiles à évaluer et le risque d’erreur est plus fréquent et plus important.

Voilà pourquoi Magnus Carlsen et l’investisseur «contrarian» doivent procéder à une analyse en profondeur avant d’aller à contre-courant. Ils ne sauteront pas sur toutes les occasions qui se présentent à eux. Ils prendront le soin d’identifier clairement les situations intéressantes et d’exclure celles qui ne le sont pas. S’ils décident d’aller de l’avant, ils ne choisiront pas un coup hautement risqué. Ils chercheront plutôt à minimiser le risque.

Magnus et l’investisseur «contrarian» savent pertinemment qu’ils n’auront pas raison à tous les coups. Toutefois, ils savent qu’en cas de mauvaise décision, la partie ne sera pas compromise. Il leur restera suffisamment de coups pour rattraper le temps perdu et ultimement sortir gagnants.

En ce sens, les deux optent pour une vision à long terme. Ils ne cherchent pas à gagner la partie en un ou deux coups ; ils sont patients. Ils misent sur une longue séquence de coups qui, au fil du temps, amélioreront leur position et leurs chances de gagner. Ils doivent réfléchir, développer et suivre une stratégie clairement définie, tout en étant prêts à s’adapter à un environnement en perpétuel changement.

Facile à dire, pas facile à faire

Être «contrarian» est difficile. L’investisseur «contrarian» emprunte consciemment un sentier obscur et peu fréquenté. Il achète généralement quand un titre baisse et qu’une tempête frappe ; malheureusement, son achat coïncidera rarement avec la fin de la tempête. De ce fait, la situation pourrait continuer de se dégrader et le titre pourrait poursuivre sa chute dans les mois suivant son achat. À court terme, il doit accepter de vivre avec cette situation inconfortable.

Parfois l’investisseur «contrarian» se trompera, comme Magnus Carlsen perdra quelquefois la partie. Malgré tout, cela ne les empêche pas de connaître du succès à long terme. Ils savent que de telles décisions sont prises afin de se démarquer et qu’elles ont le potentiel d’améliorer leurs résultats à long terme.

En tant qu’investisseur, suivez-vous la majorité ou tentez-vous d’aller à contre-courant?

À propos de ce blogue

Jean-Philippe Legault est analyste financier chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille personnalisée. Il participe, entre autres, à la rédaction de Lettre financière COTE 100 et à la gestion des portefeuilles. Détenteur du titre CFA, Jean-Philippe aime partager son opinion ainsi que vulgariser différents concepts liés à l’investissement boursier.

Jean-Philippe Legault
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