La Grande corvée: mettons les coeurs à l'ouvrage!

Publié le 18/01/2019 à 15:50

La Grande corvée: mettons les coeurs à l'ouvrage!

Publié le 18/01/2019 à 15:50

Un peu à l'image du #10yearschallenge, illustrant un surplus d'employés en 2009 et aucun employé en 2019

(Photo: Les Affaires avec 123rf)

BLOGUE INVITÉ. Plusieurs entreprises rapportent être désemparées devant la pénurie de main-d’œuvre : elles ont des clients, des contrats, mais pas assez d’humains pour les exécuter.

Certaines entreprises en sont même venues à tenter de trouver… un conjoint à leur employé afin qu’il garde leur poste! C’est dans ce contexte que le ministre du Travail Jean Boulet lance la Grande Corvée, une « vaste offensive qui a pour but d'écouter et d'outiller les entreprises qui évoluent dans un contexte de rareté de la main-d'œuvre. »

Cette pénurie affecte le moral de nos entrepreneurs et dirigeants d’entreprises, mais aussi la croissance des investissements et par le fait même l’ensemble de l’économie du pays, rappelle une récente enquête de la Banque de développement du Canada.

Ce n’est pas pour rien que le Conseil du Patronat, la Fédération des chambres de commerce du Québec et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante ont tous unanimement salué l’annonce du gouvernement.

La rétention des travailleurs devrait-elle être l’objectif premier du ministre?

Ceci dit, quelques précisions s’imposent : lorsque l’enthousiasme sera tombé, il n’y aura pas de solutions magiques! On peut bien aider les entreprises à attirer et retenir leur main-d’œuvre, mais si l’entreprise X réussit à retenir ses employés, il y en aura moins de disponibles pour l’entreprise voisine.

Les organisations se partagent le même bassin de travailleurs. À moins de sortir la poudre de perlimpinpin, nous serons au même point à la même date l’an prochain.

Il existe également un risque de surenchère, où chacun des employeurs tentera d’attirer et retenir les employés avec toutes sortes de stratégies coûteuses, pour se rendre compte que ce fût un beau coup d’épée dans l’eau.

Il serait bien avisé d’orienter les efforts sur l’amélioration des pratiques de gestion des ressources humaines afin de maximiser la mobilisation et la performance de chacun des employés en place.

Si collectivement, nous avons un bassin de travailleur limité, pouvons-nous à tout le moins renforcer la productivité par travailleur? C’est l’avenue la plus prometteuse.

Une occasion de réinventer et revoir le management pour de bon

On dit que la nécessité est la mère de toutes les inventions. Alors, réinventons! Le potentiel d’amélioration de la performance de nos entreprises passera par une plus forte mobilisation des employés.

Pas nécessairement travailler plus intensément, mais travailler mieux ensemble! Et n’ayez crainte, il reste de la marge d’amélioration à cet égard.

Le rapport de Aon 2018 Trends in Global Employee Engagement nous apprend d’ailleurs que l’engagement a diminué de 1% l’an dernier. Tout cela dans une économie qui fonctionne pourtant à plein régime. Et des employés peu engagés sont évidemment peu productifs.

La grande corvée… pour mettre fin à la corvée

Comble d’ironie, l’origine du mot corvée réfère à un travail obligatoire dû à un seigneur par le paysan! Commençons donc par revoir la relation employeur-employé, basée sur l’exécution de la volonté divine du patron, et passons en mode partenariat avec nos employés.

Faisons appel aux cœurs de nos gens, à leur intelligence, à leur créativité, et nous en ressortirons tous gagnants. Et fiers. C’est la seule façon de créer de la valeur durable, pour tous.

À propos de ce blogue

Ce blogue est une invitation à questionner notre rapport avec la performance à l’ère 4.0. Le monde a changé, mais est-ce que notre façon d’envisager le succès au travail a suffisamment évolué? Consultant en développement organisationnel, spécialiste du monde du travail, enseignant à HEC Montréal, et conférencier, Jean-François Bertholet met tout son cœur à explorer de grands principes, parfois contre-intuitifs, afin d’optimiser votre propre performance et celle de vos collaborateurs.

Jean-François Bertholet