Les robots-conseillers sont-ils déjà menacés?

Publié le 16/03/2018 à 15:18

Les robots-conseillers sont-ils déjà menacés?

Publié le 16/03/2018 à 15:18

Vanguard a lancé récemment au Canada 3 FNB d’allocation d’actif à faible coût qui offrent 3 profils de risque: conservateur (VCNS), équilibré (VBAL) et croissance (VGRO). L’idée n’est pas nouvelle. Blackrock a déjà lancé des produits similaires en 2008, notamment le iShares Conservative Core Portfolio Builder Fund (XCR) et le Ishares Growth Core Portfolio Builder Fund (XGR). Ces FNB ont été dissouts en 2017 puisqu’ils n’ont pas su accaparer suffisamment d’actifs pour justifier leur existence. Une des raisons de ce manque d’intérêt était les frais élevés de ces FNB à 0,6%.

Vanguard a pris note de cette lacune. En apparence, ces nouveaux FNB sont une solution attrayante. Ils procurent une diversification mondiale dans plusieurs classes d’actifs à un coût (0,22%) qui n’a encore jamais été accessible aux investisseurs individuels. Le problème, et il y en a plusieurs, se cache dans les détails qui peuvent faire une bonne différence à long terme, mais qui ne sont pas visibles au premier coup d’œil, ni à un investisseur qui n’est pas un expert en placement. En voici quelques exemples.

Le manque de diversification

Comme la plupart des FNB de FNB offerts sur le marché, ces FNB de Vanguard se limitent à investir dans d’autres FNB du même fournisseur. Or, avec la multitude de FNB offert au Canada et aux États-Unis, il est peu probable qu’un seul fournisseur puisse offrir les meilleures solutions pour toutes les classes d’actifs. Aussi, le nombre de FNB sélectionné dans ces FNB de Vanguard est intéressant pour construire la base d’un portefeuille, mais n’est pas, à mon avis, suffisant pour maximiser le rendement à long terme d’un portefeuille.

La politique de rééquilibrage

Dans le but de profiter au maximum des bénéfices d’une diversification dans différente classe d’actif, il est préférable de contrôler l’allocation d’actif de son portefeuille et de ne pas se faire dicter l’allocation d’un fonds qui dépend des entrées et sorties de fonds d’autres investisseurs. Ces FNB de Vanguard, pour respecter leur mandat, devront maintenir des allocations relativement proches de leur cible initiale, ce qui implique des rééquilibrages assez fréquents. Or, pour maximiser les bénéfices d’une bonne diversification mondiale, il est préférable de ne pas rééquilibrer un portefeuille trop souvent. Non seulement pour limiter les frais de transaction, mais aussi pour profiter des différences de rendements entre les différentes classes d’actifs sur des périodes de plusieurs mois. Rééquilibrer trop souvent limite substantiellement ce bénéfice.

Le danger d’investir soi-même

Ces FNB de répartition d’actif devront être acheté dans un compte de courtage. Or, il y a bien d’autres facteurs à considérer avant de choisir un portefeuille de FNB. Par exemple, il ne faut pas minimiser l’impact de la fiscalité, des frais de transactions et des écarts entre les cours acheteurs et vendeurs. Tous des éléments qui mis ensemble peuvent justifient les frais de gestion des gestionnaires de portefeuilles qui offrent des solutions clés en main, telles que les robots-conseillers ou certains fonds communs de placement.

Une compétition directe aux fonds communs de Tangerine

De par leurs frais peu élevés, ces nouveaux FNB seront probablement une bonne alternative aux robots-conseillers qui n’offrent pas de valeurs ajoutées suffisantes, s’il y en a. Mais la cible la plus évidente semble être des solutions de fonds communs indicielles telles que celles offertes par Tangerine qui offrent une diversification similaire, mais à des frais de plus de 1%. L’écart de frais est suffisamment grand pour inciter à la réflexion.

Notre constat

Nous avons été les premiers au Canada à offrir des solutions de placement de type robot-conseil, tant pour les investisseurs autonomes qu’à travers des solutions clé en main et notre constat est sans équivoque. Les investisseurs ont avantage à éviter les solutions de placements, telles que les fonds communs, qui comportent des frais supérieurs à 2% par année. Mais, ce qui n’est pas intuitif, c’est qu’à l’autre extrême, ceux qui utilisent les courtiers à escompte pour investir dans des FNB dans le but de minimiser leurs frais n’obtiennent pas les meilleurs résultats.

Les frais de conversion de devise, les frais de transaction, les prix d’exécution obtenus, la fiscalité et le manque de diversification sont autant de facteurs qui nuisent au rendement à long terme d’un portefeuille de FNB géré avec un courtier à escompte, mais qui n’apparaissent nulle part dans les relevés et qui sont donc difficiles à quantifier précisément.

Les nouveaux FNB de Vanguard règlent une partie de ces problèmes et permettront probablement à certains investisseurs de mieux gérer simplement leur compte de façon autonome, mais l’impact des lacunes mentionnées ci-dessus n’en fait pas des solutions idéales pour la majorité des investisseurs.

 

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À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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