Gare à la multiplication des FNB


Édition de Novembre 2020

Gare à la multiplication des FNB


Édition de Novembre 2020

(Photo: 123RF)

Les fonds négociés en Bourse (FNB) ont généralement bonne presse. Depuis plus de 30 ans, les FNB permettent aux investisseurs canadiens d'investir à faible coût. Depuis environ 10 ans, l'offre est assez variée qu'elle permet de créer des portefeuilles bien diversifiés de FNB à une fraction du coût des traditionnels portefeuilles équilibrés offerts par les fonds communs de placement.

Toutefois, l'explosion du nombre de FNB (plus de 800 au Canada), l'augmentation du nombre de fournisseurs (plus de 30) et l'arrivée d'une multitude de nouvelles stratégies rendent la sélection d'un portefeuille de FNB de plus en plus difficile.

Cette situation s'explique en partie par le désir des grandes institutions financières de contrôler toutes les étapes de la distribution d'un produit et ainsi de mieux gérer l'expérience client. De la conception du produit à sa gestion à la vente au client en passant par sa distribution, toutes les étapes sont souvent contrôlées par des filiales de la même institution. C'est ainsi qu'au Canada, la majorité des grandes banques ont maintenant leur propre famille de FNB. Cette réalité explique aussi pourquoi il y a eu une multiplication de FNB similaires et un nombre proportionnellement beaucoup plus élevé de ces fonds au Canada par rapport aux États-Unis.

Plusieurs institutions financières utilisent les FNB de leur propre famille afin de créer des fonds communs composés de FNB. Cette pratique rend le rééquilibrage des fonds communs plus simple, certes, mais permet aussi d'afficher le mot FNB dans le nom du fonds commun. Un bel exercice de marketing permettant de profiter de la popularité des FNB, d'augmenter rapidement l'actif sous gestion de leur famille de FNB et de bénéficier du réseau de distribution bien établi des fonds communs de placement.

Depuis des décennies, l'industrie est passée maître dans la multiplication des produits, soit de lancer une multitude de nouveaux produits en fonction des tendances de l'heure. On l'a vu encore au cours des dernières années, notamment avec la cryptomonnaie, la marijuana, l'intelligence artificielle et les fonds socialement responsables. Certaines de ces stratégies ont du mérite, la majorité, très peu. Le défi pour l'investisseur et le conseiller est de faire la part des choses. D'être capable de comprendre les raisons fondamentales qui pourraient justifier d'investir dans ces nouveaux produits. C'est un défi de taille, car il faut se baser sur des rapports et des présentations conçus par des experts en marketing qui sont passés maîtres dans l'art de convaincre avec des arguments plutôt faibles d'un point de vue scientifique, généralement en présentant des rendements passés attrayants. C'est ainsi que, souvent, la gestion active sera mise de l'avant comme étant «possiblement» la meilleure approche pour gérer en temps de crise, ou en temps de plus grande volatilité, de faible taux d'intérêt ou de tout autre qualificatif de l'environnement macroéconomique actuel. C'est possible, mais peu probable. La nuance est importante. La réalité est qu'à long terme, la gestion active coûte plus cher et ne génère pas un rendement plus élevé après les frais. En fait, plus il y a de gestion active, plus, dans l'ensemble, les investisseurs s'appauvrissent. La gestion active est un jeu à somme nulle, même négative après les frais. C'est mathématiquement irréfutable.

En résumé, il est possible de concevoir d'excellents portefeuilles de FNB, mais la multiplication de l'offre rend l'exercice de plus en plus difficile. Malgré les efforts marketing axés sur la promotion des nouveaux produits, les investisseurs continuent d'investir dans une poignée de FNB indiciels à faible coût. Ainsi, les 25 FNB avec le plus d'actifs sous gestion représentent environ 40 % de l'actif total des FNB au Canada et sont presque exclusivement des FNB indiciels à faible coût.

 

Les ­FNB d’allocation d’actifs

Plus récemment, une multitude de ­FNB d’allocation d’actifs qui permettent, à l’achat d’un seul ­FNB, une exposition diversifiée selon le niveau de risque souhaité (conservateur, équilibré ou croissance), sont offerts à des frais de gestion défiant toute compétition : de 0,20 % à 0,25 %, soit pratiquement 10 fois moins cher que plusieurs fonds communs comparables. Toutefois, ces ­FNB d’allocation d’actifs comportent certaines lacunes qui n’en font pas des solutions idéales pour la majorité des investisseurs. Que ce soit sur le plan de la fréquence de rééquilibrage, de l’absence de plusieurs catégories d’actifs ou de l’efficacité fiscale, ces ­FNB ne sont pas parfaits. Ils s’adressent davantage aux investisseurs autonomes qui commencent à investir et qui ont peu d’actifs sous gestion.

À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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