Libre-échange États-Unis-Europe: La trouille européenne à saveur de poulet chloré

Publié le 27/05/2014 à 09:51

Libre-échange États-Unis-Europe: La trouille européenne à saveur de poulet chloré

Publié le 27/05/2014 à 09:51

Octobre 2012: Les membres du Conseil Européen réactivent les discussions initiées, dès 1990, en vue de la signature d'un Accord d'intégration économique et de libre circulation des produits, des services et des capitaux.

Mars 2013: La Commission Européenne entérine le mandat de négociation du "Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement (PPTI).

Mai 2014: Cinquième cycle de négociations et intensification des négociations secrètes. Exception française: marché de l'audio-visuel.

Selon plusieurs observateurs, le resserrement de l'échéancier pour la conclusion d'un accord de libre-échange États-Unis-Europe semble prendre le pas sur les préoccupations des parties. On prévoit l'entrée en vigueur de l'Accord en 2015.

Pourquoi cet empressement? Réponse à la belle posture canadienne dans la mise en place de son récent Accord de libre-échange avec l'Europe? Énervement justifié par le déploiement européen et néo-impérialiste de la Russie ou, plus inquiétant, l'amitié réaffirmée du tandem Russie-Chine, notamment dans l'octroi d'un pactole chinois de plus $400 milliards pour l'acheminement du pétrole sibérien à une Chine toujours aussi assoiffée?

Les enjeux euro-américains "connus" sont délibérément vagues et se diluent dans les catégories habituelles de la prospérité réciproque. Qu'importe le contenu et les inquiétudes européennes croissantes, c'est la date qui compte!

Inquiétudes, certes, sur deux fronts majeurs, l'abandon ou l'assouplissement des normes sanitaires et environnementales européennes. Aussi, le dispositif d'arbitrage compromettant pour la souveraineté étatique et judiciaire européennes au profit des multinationales peu redevables.

Et le Canada dans tout cet échafaudage commercial destiné à l'enrichissement de l'industrie bovine (exportations prévues de 65,000 tonnes/an) et porcine (de 6,000 à plus de 80,000 tonnes/ an), de même qu'à une pléiade d'autres secteurs industriels?

L'opinion publique européenne, très contrariée, rendra très difficile le respect de l'échéancier politique envisagé pour la signature de l'Accord États-Unis-Europe. Également, les clivages parlementaires Droite-Gauche et les résultats du suffrage européen du 25 mai dernier prédestinent déjà toutes formes d'Accord d'intégration économique transatlantique à une quarantaine indéterminée.

La stratégie canadienne devant autant d'impondérables?

A parier que le cadre stratégique canadien sera en partie dicté par les intérêts agressifs de notre cosignataire à l'ALENA. Aussi, que le carrousel des fusions-acquisitions par des intérêts américains se multiplient, exportant ainsi davantage notre capacité à structurer nos propres stratégies de croissance commerciale et industrielle.

Qui sait si nos voisins du Sud ne profiteront pas de quelques acquisitions canadiennes dans le secteur pétrolier pour renforcer l'opération charme et la sécurité énergétique en Europe, désormais précarisée par les bouderies russes?

Dans une telle perspective, le mot de Ratzel ne mentirait pas: "Tout État est en lutte avec son voisin pour l'espace et cherche à accroître son espace pour se procurer des ressources". A cela nous oserons ajouter... les ressources des autres afin de les exporter...