L'ingénierie-conseil: «Quand l'Asie s'éveillera, le monde...»

Publié le 06/07/2014 à 11:47

L'ingénierie-conseil: «Quand l'Asie s'éveillera, le monde...»

Publié le 06/07/2014 à 11:47

Les investissements en projets d’infrastructures asiatiques devraient atteindre les neuf (9) trillions US$ à l’horizon 2020 : barrages, centrales électriques, réseaux de distribution, aéroports, trains à grande vitesse, télécommunications, épuration des sols et assainissement des eaux, agro-alimentaire, transport urbain, agglomérations urbaines et industrielles... En un mot, une explosion dans la demande d’expertise technique et de compétences managériales.

L’heure n’est plus, par ailleurs, à la comptabilité des coûts mais à l’accessibilité immédiate aux savoir-faire et aux meilleures technologies. Le progrès ne saurait attendre! Ne peut plus attendre (« money can’t wait ») ! Capacité de livraison, efficacité et qualité sont désormais les mesures du progrès et les sociétés qui les garantissent, les nouvelles coqueluches des milieux politiques et financiers.

À qui la chance?

L’industrie asiatique de l’ingénierie-conseil est structurée autour d’une myriade de petites sociétés et de sociétés intermédiaires (entre 200 et 300 millions US$ de revenus). Souvent recrutées en sous-traitance, peu chères, elles ne détiennent pas les expertises requises, les polyvalences et convergences qui distinguent les grands cabinets internationaux, de même que les capacités financières exigées. À titre comparatif, la plus importante société de génie-conseil asiatique (chinoise) enregistrait, en 2012, des revenus de 7 milliards $ par rapport aux presque 150 milliards $ de l’américaine GE.

Avec des taux annuels de croissance supérieure à 20 %, les marchés ne peuvent patienter et les donneurs d’ouvrage s’affairer à incuber le développement des talents locaux. Cela viendra!

Comment expliquer une telle explosion?

La solidité relative des finances publiques de nombreux pays asiatiques et la disponibilité de fonds internationaux, jumelés à des mesures fiscales incitatives expliquent en partie cet empressement à la « modernisation ». En ce sens, la posture financière des états asiatiques s’avère généralement meilleure que celle de la plupart des homologues occidentaux. Aussi, le naufrage occidental des années 2008-2009 fut peu toxique pour les trésoreries asiatiques.

Un phénomène, peu repris par les analystes occidentaux, se manifeste dans les efforts de rapprochement de plusieurs pays. L’exemple du projet d’interconnexion d’un train à grande vitesse reliant la Thaïlande, le Myanmar, le Laos, le Cambodge et le Vietnam en est une manifestation exemplaire non unique. On imagine déjà la mobilité de la main-d’œuvre, le tourisme, la circulation des biens et services dans une ASEAN davantage organisée.

Les cahiers de charge s’empilent et provoquent une demande internationale exponentielle. Les Britanniques et les Américains l’ont certes compris et se mobilisent en conséquence, capital humain et financier à l’appui. Les grandes institutions financières internationales ne sont pas en reste, commises en échange de cadres réglementaires conformes aux grands principes internationaux et aux normes qui les confortent, transparence des processus d’octroi de contrats y compris.

Et le développement industriel?

Les infrastructures industrielles chinoise, thaïlandaise et malaisienne, notamment, exigent une amélioration des processus de productivité et sont à la recherche d’une sophistication de leurs produits. En un mot, le bas de gamme de la chaine des valeurs devient porteur pour le Vietnam et l’Indonésie, nouveaux joueurs dans le pré industriel asiatique.

Conclusion

Une Asie, des Asies davantage conscientes de leur levier international, concertées et consentantes à contribuer à une nouvelle apogée et à saisir l’opportunité planétaire... et, bien sûr, n’oublions pas le Japon!

La prophétie napoléonienne réécrite... « Quand l’Asie se regroupera, le monde se réveillera… sans doute à l’heure de l’Empire du Levant »!