Serait-il temps de jouer Lowe's ?


Édition du 08 Décembre 2018

Serait-il temps de jouer Lowe's ?


Édition du 08 Décembre 2018

La fermeture de neuf magasins Rona au Québec a fait couler beaucoup d'encre dernièrement. Signal de faible intérêt pour le Québec ? Pas plus, pas moins qu'ailleurs. Décision d'affaires, qui signale peut-être cependant que quelque chose est en cours chez Lowe's.

La restructuration annoncée au début novembre survient alors que Marvin Ellison a pris, il y a quelques mois, les commandes de la société américaine. L'ancien patron de JC Penney (et surtout responsable des magasins américains de Home Depot entre 2002 et 2014) a complètement remanié la structure de direction de Lowe's avec pour objectif de rendre le quincaillier plus performant, à la fois au chapitre des coûts et des ventes.

La nouvelle de la restructuration survient alors que le titre de l'entreprise est en recul de près de 25 % sur son sommet de septembre, et de retour au même niveau qu'il y a un an.

D'où l'interrogation en titre quant à une éventuelle occasion d'investissement.

L'impact des fermetures

Voyons d'abord l'impact de la restructuration sur la rentabilité de Lowe's.

La société ferme 51 établissements en Amérique du Nord : 20 aux États-Unis et 27 au Canada. En pourcentage d'établissements, c'est environ 1 % des magasins américains et 10 % des magasins canadiens. En matière de superficie de plancher, on parle respectivement de 1,5 % et 3 %.

Le but visé est essentiellement de fermer ce qui n'est pas rentable ou ce qui l'est peu afin de tenter de diriger les ventes vers d'autres établissements existants et d'augmenter leur rentabilité.

Telsey Advisory Group estime que l'impact de la restructuration devrait permettre d'éliminer les pertes d'un certain nombre d'établissements, pertes qu'elle évalue à 34 millions de dollars ou l'équivalent de 0,03 $ par action. La maison ne croit guère à un gain significatif des ventes grâce aux fermetures, les concurrents ayant souvent des établissements plus rapprochés. Mais UBS en voit un et croit que l'opération permettra à terme (une fois les indemnités de licenciement et les liquidations passées) d'ajouter 0,07 $ US au bénéfice par action.

Peu importe le scénario, on constatera que ce n'est pas une restructuration majeure, puisque l'aperçu de bénéfices de la direction pour 2018 (en excluant les charges extraordinaires) se situe autour de 5,10-5,20 $ US par action.

On n'exclurait pas d'autres fermetures potentielles à l'avenir, mais, étant donné la relative marginalité des gains obtenus par ce premier mouvement (qui est généralement le plus facile), quelque chose nous dit que les prochaines économies seront sans doute recherchées ailleurs. Fournisseurs, aiguisez vos crayons... Les yeux sont surtout sur le cycle et les taux. Si le titre est sous pression ces dernières semaines, c'est surtout en raison des craintes quant au cycle économique actuel et à la hausse des taux d'intérêt.

Le marché voit-il prématurément la fin du cycle ? C'est la question que s'est récemment posée l'équipe de l'analyste Brian Nagel, de la maison Oppenheimer. Elle croit que oui.

Oppenheimer note dans un premier temps que les données sur le marché de l'habitation sont mixtes, mais toujours solides. Les ventes des maisons existantes ont augmenté de 1,4 % de septembre à octobre, mais sont en baisse de 5,1 % sur l'an dernier.

En revanche, les ventes de nouvelles maisons n'ont reculé que pendant deux mois depuis le début de l'année. Les prix des maisons continuent aussi de grimper, en hausse de 6 % à la mi-année, selon l'indice semestriel S&P CoreLogic Case-Shiller Home Price.

La confiance des consommateurs est de même à un sommet chez les membres de la National Association of Home Builders.

Dans un deuxième temps, fait valoir Oppenheimer, ce n'est pas la première fois que des hausses de taux d'intérêt causent des interrogations, mais leur impact n'est pas nécessairement néfaste.

Entre juin 1994 et juin 1995, le taux directeur de la FED était passé de 3 % à 6 %. Le titre avait sur la période reculé de 2 %. Entre mai 1999 et décembre 2000, le taux directeur avait grimpé de 4,75 % à 6,50 %. Cette fois il y avait eu un certain choc, le titre décrochant de 14 %. Entre mai 2004 et août 2007, les taux étaient passés de 1 % à 5,25 %. Sur la période le titre de Lowe's avait pris 16 %.

Ce qui précède, plaide M. Nagel, tend plutôt à montrer que les titres ont tendance à bien performer même si l'environnement de taux est haussier. Il précise que ce n'est que sur les fins de cycle de hausse que les titres des quincailliers ont tendance à décrocher.

Temps de jouer Lowe's ?

Le taux directeur de la FED oscille

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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