L'argent de papier

Publié le 14/05/2012 à 09:12, mis à jour le 14/05/2012 à 09:15

L'argent de papier

Publié le 14/05/2012 à 09:12, mis à jour le 14/05/2012 à 09:15

L'industrie du papier est en déclin et il est impossible d'y faire de l'argent. Humm, Domtar est en hausse de 700 % sur trois ans et Fortress Paper, de 370 %. Perçues comme à l'agonie, certaines papetières ont en fait été de solides créatrices de richesse ces dernières années. Ces titres peuvent-ils encore progresser ?

Un aveu : on a un peu maximalisé les rendements indiqués plus haut en allant chercher les creux de février 2009. Il n'en reste pas moins qu'une partie des progressions vient du fait que les sociétés les plus futées ne sont pas restées inactives et se sont dotées de plans d'avenir.

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Attardons-nous à quatre d'entre elles.

Cascades (CAS, 4,26 $)

Productrice d'emballages cartons et de tissus, Cascades a beaucoup souffert depuis 2010 de la flambée du prix du papier recyclé, principale matière première de ses produits (le vieux papier représente 76 % de ses volumes d'approvisionnement par rapport à 24 % pour la fibre végétale).

Le cours du papier recyclé a subi une correction, mais il est constamment un point d'interrogation.

Pour améliorer la rentabilité, le plan d'action est simple. Cascades ferme les usines déficitaires et centralise la production dans d'autres unités. Elle vend aussi les moins rentables et réinvestit l'argent dans de nouvelles, plus performantes. L'usine de carton d'emballage Greenpac (à Niagara Falls) est un exemple. Elle doit amorcer sa production en 2013 et sera l'une des plus importantes et des plus productives en Amérique du Nord.

Une difficulté toutefois : un taux d'endettement de 5,8 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA). C'est élevé. L'objectif est de le ramener à 3 fois, mais, comme le fait remarquer la Financière Banque Nationale, la dette ralentira le plan d'action. La société doit éviter de se retrouver prise dans un revirement de secteur.

Verdict : moyen.

Domtar (UFS, 84,51 $)

La société diversifie ses activités. En 2007, 52 % des ventes venaient du papier de bureau. Ce n'est plus que 21 % aujourd'hui, alors que la pâte en flocons et les tissus occupent désormais une plus large place.

L'effort de diversification n'est en plus qu'à ses premiers pas. Domtar veut ajouter de 300 à 500 M$ à son BAIIA d'ici cinq ans en tablant sur de nouveaux débouchés. Un objectif ambitieux : le BAIIA de 2011 a été de 239 M$ US.

Les soins personnels sont un des créneaux visés. L'entreprise a acquis Attends Healthcare, un fournisseur de produits pour incontinence. Non seulement peut-elle maintenant bénéficier de la marge sur la vente des produits, mais elle pourra aussi éventuellement approvisionner Attends en pâte en flocons, matière première des couches. RBC Marchés des Capitaux note que le secteur des soins personnels croît de 6 à 8 % par année.

La dette est faible et l'entreprise vient encore d'augmenter son dividende.

Verdict : beaucoup d'analystes aiment, et on aime aussi, bien qu'il faille être prêt à accepter que des reculs cycliques surviendront en cours de route et sèmeront des doutes.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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