La technologie blockchain pour sauver le monde?

Publié le 30/11/2018 à 11:32

La technologie blockchain pour sauver le monde?

Publié le 30/11/2018 à 11:32

Planète Terre concept technologique

(Photo: 123rf.com)

BLOGUE INVITÉ. Un projet d’innovation ouverte pour sauver le monde en utilisant la technologie blockchain, est-ce possible? Depuis quelques années, il y a de plus en plus d’initiatives visant à sauver notre planète.

À titre de jeune entrepreneur, j’ai à coeur notre environnement et je souhaite que nous léguions à nos enfants une Terre en santé. De nombreux scientifiques (Intergovernmental Panel on Climate Change, 2018) s’entendent pour dire que des changements drastiques doivent être mis en place pour une exploitation durable des ressources qui peuvent être produites chaque année à travers la planète.

En écrivant ces lignes, je constate l’engouement des membres fondateurs du Pacte, une initiative pour mobiliser les citoyens. Comme nous le partage Dominic Champagne à l’émission Tout le monde en parle: «L’urgence de la situation exige une mobilisation sans précédent et de vigoureuses actions collectives pour protéger le monde dans lequel nous vivons, l’eau, l’air, les sols qui nous nourrissent, nous et nos enfants.»

L’intelligence collective et les efforts communs sont donc de mise. Le changement doit provenir des citoyens et permettre d’élever une voix commune.

Je vous décris brièvement comment ma vision de la technologie blockchain pourrait aider la cause environnementale et j’invite les gens des autres domaines technologiques à faire de même.

Modèles innovants

Dans le marché des cryptomonnaies, on voit de nouveaux modèles innovants. Parmi ceux-ci, un en particulier a retenu mon attention: le Sweatcoin. Il s’agit d’une plateforme qui récompense les gens qui marchent et font de la course en fonction du podomètre de leur téléphone mobile. Le Sweatcoin peut être utilisé pour acheter des biens et services par l’entremise d’un «marché privé».

Le problème avec ce concept est qu’il faudrait environ 10 ans à 10 000 pas par jour pour acheter un iPhone. Les efforts et le temps nécessaires pour obtenir des récompenses sont trop importants et peuvent décourager même les personnes les plus motivées.

Un autre projet intéressant est le ECO coin. Le principe est similaire à celui du Sweatcoin et repose sur la distribution de récompenses sous forme de jetons lorsqu’on pose des actions pour protéger l’environnement.

Par exemple, acheter un repas sans viande donnerait 0,50 ECO coin; aller au travail à vélo (1 km ou plus) donnerait 1 ECO coin; diminuer le chauffage de la maison (en dessous de la moyenne du quartier) donnerait 3,50 ECO coin et changer pour un fournisseur d’énergie verte donnerait 10 ECO coin. Ce projet présente définitivement des embûches techniques de faisabilité et d’implémentation.

Nouvelle approche

Les êtres humains ont tendance à être fainéants de nature, mais lorsqu’il y a un intérêt dans l’équation et que la situation devient avantageuse économiquement, la motivation refait surface. C’est la raison pour laquelle les concepts mentionnés précédemment pourraient bien fonctionner avec quelques améliorations.

Dans l’approche de «behaviorisme», il est possible de redéfinir le niveau d’intérêt ou de modifier certaines méthodes de pensées d’une personne en utilisant le conditionnement par renforcement positif. Dans cette approche, le système de récompense pourrait influencer fortement. Il est important de trouver des applications concrètes pour stimuler le renforcement positif (Luthans, 2002).

La combinaison de ce système de récompense avec des objectifs concrets a le potentiel d’être traçable et pourrait augmenter, selon moi, les chances d’atteindre ce changement crucial. Les objectifs de développement durable de l’ONU (Organisation des Nations unies) sont clairs : il faut agir.

L’identité virtuelle doit être résolue en amont afin d’assurer au réseau l’absence de profiteurs ou fraudeurs. Cette identité virtuelle pourrait agir à titre d’identifiant unique pour le système de récompense. Elle contiendrait, éventuellement, des jetons échangeables ou ferait en sorte de stocker un score social lié à l’individu.

La Banque Mondiale

En rapport avec ce qui précède, les recherches et les preuves de concepts faits par la Banque Mondiale en ce qui concerne l’utilisation du UBI (Universal Basic Income) démontrent que le statut social est un élément très motivant pour les citoyens (Gentilini, Honorati, & Yemtsov, 2014). Cette approche pourrait être une autre option dans le but d’éliminer l’écart entre l’action faite et la récompense potentielle (comme l’exemple du iPhone mentionné précédemment).

L’objectif n’est pas de mettre en place un système de surveillance, mais plutôt de récompenser pour des actions concrètes. La ligne peut sembler mince, mais dans cette approche, les éléments sont décentralisés et seul l’utilisateur est propriétaire de ses informations. Il suffit également de définir des éléments moins sensibles à suivre, par exemple la quantité de plastique recyclé et la fréquence d’utilisation du transport en commun.

Ce qu’il faudrait envisager pour le volet technique

Pour le modèle de remise de jetons, les requis seraient les suivants:

1. Émettre une identité unique à chaque citoyen (sans friction);

2. Définir les éléments à récompenser;

3. Déterminer quels éléments sont traçables (quels déclencheurs numériques sont disponibles ou rapidement concevables);

4. Définir le ratio de jeton en fonction d’une équation;

5. Transférer les jetons au citoyen (définir la source d’argent);

6. Déterminer un endroit où dépenser les jetons.

 

Pour le modèle du statut social, les requis haut niveau seraient les suivants :

1. Émettre une identité unique à chaque citoyen (sans friction);

2. Déterminer les éléments à récompenser;

3. Choisir quels éléments sont traçables (quels déclencheurs numériques sont disponibles ou rapidement concevables);

4. Définir le ratio de statut social à augmenter à l’aide d’une équation;

5. Identifier où ce statut social pourrait être utilisé.

Dans les deux cas, définir l’identité et trouver des déclencheurs numériques sont les enjeux principaux.

Exploration

D’autres scénarios pourraient être envisageables. D’autant plus qu’il est possible d’approfondir la discussion autour des différents modèles mentionnés précédemment. Je vous invite à réfléchir à la situation et n’hésitez pas à partager vos commentaires.

Il y a fort probablement d’autres façons d’utiliser la technologie blockchain pour aider à solutionner cette vaste problématique. Par exemple, pour réduire le gaspillage et les pertes dans les chaînes d’approvisionnement. Cependant, dans une approche d’action directe et plus rapide, les scénarios plus haut pourraient être viables.

Selon moi, ce genre d’innovation peut être bénéfique aux différentes classes de notre société. En éliminant les intermédiaires, les registres distribués, aussi complexe que cela puisse paraître peuvent simplifier la mise en place d’actions concrètes. Pour un avenir meilleur, il faut rendre ces changements le plus simples et le plus attirant possibles.

 

À propos de ce blogue

Internet a permis de rapprocher différentes parties. La blockchain (chaîne de blocs) permettra d’ajouter de la confiance entre elles. Énormément d’industries seront bouleversées par cette technologie, drastiquement, dans leur processus comme dans leur modèle d’affaires. Francis Nadeau est PDG chez HydraLab, une société offrant des solutions blockchain pour entreprises, et cofondateur du Blockchain Hub Québec. Il nous parle en termes concrets des défis, tendances et occasions d’affaires en lien avec cette nouvelle technologie.

Francis Nadeau