BLOGUE “En fin de compte, le conseil n’a pas eu le courage de me faire face. Les administrateurs ne m’ont ni remerciée ni dit au revoir.”
Ces paroles ne sont pas de Carole Bartz, l’ex pdg de Yahoo! congédiée aujourd’hui , au téléphone affirme-t-elle.
Ces paroles ont plutôt été prononcées par Carly Fiorina, pdg de HP de 1999 au 9 février 2005. À cette date, deux représenants du CA ainsi qu’un avocat l’on rencontrée dans une chambre d’hôtel de Chicago. Et, après l’avoir fait attendre plus de trois heures, ils lui ont annoncé son congédiement. La rencontre a duré trois minutes.
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Carly Fiorina affrontait un conseil divisé depuis plusieurs mois déjà. Un conseil composé de clans aux opinions fort différentes. Je la sais parce que je l’ai rencontrée à San Francisco, un an après son congédiement. L’entrevue a duré deux heures. Une rencontre fascinante qui a changé pour toujours mon image des conseils.
Le conseil d’HP n’est jamais parvenu à un consensus sur la stratégie à adopter pour HP. Celui de Yahoo! non plus. En fait, les deux histoires se ressemblent beaucoup. Deux sociétés en perte de vitesse qui recrutent des pdg “superhéros” en attendant des miracles. Mais la maison continue de brûler et personne ne s’entend sur la façon d’éteindre le feu.
Le pdg a une rôle d’action. Il doit choisir la stratégie et l’implanter. Le président du conseil, lui exerce un rôle d’influence, auprès des administrateurs et du pdg. Lorsqu’une enterprise ne va nulle c’est que la stratégie n’est pas bonne et que le conseil n’a pas le talent ou le courage – ou les deux – de le reconnaître.
Un conseil divisé n’arrive à rien. Et c’est au président dudit conseil de rallier les troupes… ou larguer des joueurs.
Carly Fiorina et Carol Bartz n’ont pas rempli la commande. dit-on. Mais quelle était cette commande? Un conseil divisé sait-il ce qu’il veut?
Yahoo! a “consommé” quatre présidents du conseil en quatre ans, comme l’évoque mon collègue Bernard Mooney, dans sa chronique. Comment un navire sans capitaine peut-il parvenir à bon port?
Cela dit, Carly Fiorina et Carol Bartz méritaient peut-être d’être congédiées. Mais comment en être sûr?
Avant de rencontrer Madame Fiorina, je pensais qu’un conseil prend toutes ses decisions en considérant le bien commun. Depuis, j’ai grandi.
Le pire effet du congédiement de Carly Fiorina, et aujourd’hui celui de Carol Bartz, ne se manifeste pas sur les marchés financiers ( en fait le titre de Yahoo! a grimpé). Ces congédiements – ou plutôt la façon et le contexe dans lequels ils sont effectués- ébranlent notre confiance en une institution importante: le conseil d’administration. Le fondateur/pdg est trop lié émotivement à l’entreprise. Quant au pdg recruté de l’extérieur, il demeure un mercenaire. Reste le conseil.
Le cas HP. Et aujourd’hui le congédiement de Carol Bartz démontre que les parties prenantes ( stakeholders) sont bien seules…
Lorsqu’un conseil manque à la fois de courage et d’élégance comment lui faire confiance? Il serait temps de faire la nuance entre faire preuve de transparence et laver son linge sale sur la place publique?
Il existe de bon conseils et de bons presidents de conseils. Il existe aussi de bons administrateurs siégeant sur de mauvais conseils. Leurs voix ne devraient-elles pas s’élever pour defender leur institution?
Lire ici ma chronique précédente
