Fiasco Air Miles : voici une bien meilleure option

Publié le 29/11/2016 à 10:00

Fiasco Air Miles : voici une bien meilleure option

Publié le 29/11/2016 à 10:00

Dire que le programme de fidélité Air Miles est chiche est un euphémisme. Sans auto pour faire le plein (et le détour) chez un marchand partenaire, on réalise rapidement que ce sera sans doute l’achat d’une boîte de couches pour incontinence à la pharmacie du coin qui nous vaudra un billet d’avion gratis, à un moment où on n’a plus accès à l’assurance voyage. Et ça, c’était avant qu’il y ait une date de péremption sur les points accumulés.

Son logo et son nom évoquent les voyages, mais il ne faut pas se leurrer. Il faut beaucoup, beaucoup de temps et dépenser beaucoup, beaucoup d’argent chez les partenaires pour pouvoir s’envoler. Et si je me fie à ce que j’ai lu récemment sous la plume d’Isabelle Ducas dans La Presse+, il faut aussi (et surtout) être opiniâtre, car échanger ses points relève en ce moment du parcours du combattant.

Ça fait un an bientôt que cette affaire refait surface dans les médias. Rappelons seulement que depuis 2011, Air Miles a décidé que tous les points expireraient après 5 ans, déclenchant le compte à rebours pour tous ceux qui ont été accumulés jusque-là. Ces points seront invalides très bientôt.

L’idée d’attribuer une date de péremption à des points de fidélité patiemment accumulés a quelque chose d’ironique, mais entre vous et moi, faut-il s’en étonner? Ce fiasco nous rappelle que nous n’avons pas affaire au père Noël, mais à une entreprise de marketing qui ne fait pas de cadeaux.

Des milliers de participants (parler de «clients» serait inapproprié) sont donc forcés d'échanger leurs points en catastrophe et, fort mal préparée, Air Miles ne répond plus. On dirait une astuce pour ne pas honorer ses engagements, mais compte tenu de ce qui en coûtera à sa réputation, permettez-moi de parier plutôt sur une transition magistralement bâclée. Remarquez, même si la théorie du complot devait s’avérer, l’incompétence ne serait pas moins en cause. Peu importe le motif, le résultat est le même et l’épisode, consigné au chapitre des coûteux cafouillages, sera au programme dans les écoles de commerce.

L’occasion est bonne, tout de même, pour réfléchir sur les programmes de fidélité. De quoi s’agit-il? Le collègue Pouliot avait ce mot pour décrire la chose: «Parasite». Je n’irais pas jusqu’à dire ça, mais nous sommes en présence d’une drôle de bibitte, assurément.

Air Miles nous incite à fréquenter les mêmes magasins. Pour un avantage dérisoire et avec notre consentement, le programme de fidélisation scrute nos habitudes de consommation tout en limitant nos choix. Favoriser un marchand parce qu’on peut grappiller quelques points, c’est renoncer à aller chez le concurrent qui pourrait parfois nous offrir de meilleurs prix sur certaines marchandises. C’est la raison d’être d’Air Miles.

Le collègue parle de parasite puisque tout ce système participe à une augmentation générale des prix. On pourrait en dire autant de la publicité et de toute autre forme de marketing, mais les programmes de fidélisation ont ceci de particulier qu’ils s’appuient sur une sorte de marché parallèle dont les règles et la valeur de la monnaie sont dictées de manière totalement arbitraire.

Air Miles peut changer le nombre de points nécessaire pour obtenir un rabais ou un produit à son catalogue, elle a le loisir de modifier le contenu de celui-ci quand cela fait son affaire, tout comme elle peut décider, on le voit, que votre argent ne vaut plus rien.

Il y a quelque chose de satisfaisant dans le fait de voir les points s’accumuler dans son compte. Le total monte lentement, mais sans effort. Le programme récompense la patience, la discipline et l'assiduité avec de plus gros cadeaux.

Permettez-moi de vous proposer un système qui fait exactement la même chose, mais qui est nettement plus avantageux, qui ne cache aucune restriction et qui ne vous oblige pas à fréquenter toujours les mêmes magasins.

Alors voilà. Première étape, commencez par ouvrir un nouveau compte d’épargne. Puis, plutôt que de courir consommer chez des partenaires qui offrent des points, recherchez des produits à rabais et renoncez à ceux dont vous n’avez pas besoin, car on succombe souvent à l’idée de dépenser dans le seul but d’accumuler plus de points. C’est un des objectifs des programmes de fidélisation.

Et maintenant, programmez un virement automatique de 20$ par semaine vers le compte que vous avez ouvert précédemment. Cette petite ponction devrait être aussi indolore que d’accumuler des points pour lesquels vous limitez vos choix et donnez accès à vos habitudes de consommation.

Oubliez ensuite l’existence du compte pendant cinq ans. Après ce temps, non seulement ce que vous y trouverez sera encore valide, mais son cours n’aura pas été modifié arbitrairement. Mieux encore, vous pourrez l’échanger sans tracas, contre n’importe quelle paire de billets d’avion, de n’importe quelle compagnie aérienne, pour la destination de votre choix, en Europe, en Amérique, Asie ou en Océanie.

Avez-vous déjà vu ça chez Air Miles?

Wow! C’tu ben faite!

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.