Certaines rencontres sont plus marquantes que d'autres. J'ai pour ma part un vif souvenir de ma rencontre avec une dame d'une cinquantaine d'années, il y a de ça quelque temps.
Elle était en préparation de son testament, au profit de sa fille de 11 ans. Elle voulait créer une fiducie pour cette dernière avec des paiements répartis sur plusieurs années. Elle voulait que sa fille reçoive d'abord une partie de son héritage à 30 ans, qu'ensuite viennent deux autres paiements à intervalle de 5 ans, et que la dernière partie de l'héritage soit versée à 45 ans. Sa motivation à agir ainsi était son expérience personnelle : elle avait hérité de l'entièreté du patrimoine de son père décédé subitement lorsqu'elle avait 25 ans. Ce patrimoine représentait environ un million de dollars.
Elle m'a avoué qu'il ne restait plus rien de cet héritage avant son 32e anniversaire. En sept ans, elle avait presque tout dépensé : des bijoux, une voiture luxueuse, des voyages extravagants avec des amis pour qui elle payait tout, des prêts (qui se sont avérés être des dons!) à des amis, etc. Il ne lui restait que 100 000$ qu'elle avait heureusement investi dans un REER. Il va sans dire qu'elle a été négligente avec l'héritage reçu. Mais à un si jeune âge, il est parfois difficile de faire une bonne gestion d'une telle richesse. Ce sont des leçons de vie difficiles.
Une vingtaine d'années plus tard, elle souhaite se préparer afin que le scénario ne se reproduise pas, afin de mettre ses apprentissages à profit pour sa fille. Elle désire surtout transmettre ses valeurs et ses attentes quant à la façon dont elle aimerait que l'argent de son héritage soit dépensé, investi et potentiellement donné à des organismes de bienfaisance. Elle n'avait jamais eu ce genre de conversation avec son père et ne souhaite pas reproduire l'erreur avec sa fille. Étant donné le jeune âge de sa fille au moment de la rédaction de son testament, elle avait prévu aborder le sujet de façon très générale, mais elle allait s'assurer de maintenir le dialogue ouvert et de lui donner, progressivement et à des moments appropriés selon son âge, plus de détails sur ses volontés quant à l'usage de son patrimoine.
Un de mes collègues mentionne que " les familles ont du mal à parler de l'héritage. Les parents ne veulent pas forcément révéler l'état de leur patrimoine ou les enfants adultes ne veulent pas discuter d'un moment où leur mère et leur père ne seront plus là ".
Et même dans les familles où la conversation à ce sujet est établie, ce n'est pas toujours évident. Il y a un mois, un client m'a dit qu'il ne voulait pas laisser trop d'argent à ses enfants car il ne voulait pas que l'argent les rende paresseux. Je comprends bien ce qu'il veut dire. Dans le même ordre d'idée, le milliardaire Warren Buffet a déclaré qu'il laissera à ses enfants " assez d'argent pour qu'ils aient le sentiment de pouvoir tout faire, mais pas trop pour leur permettre de ne rien faire ".
D'une façon ou d'une autre, recevoir un héritage influence les plans futurs! Il est important de bien s'outiller et de réfléchir à ses besoins afin de gérer les sommes reçues intelligemment. Il est souvent préférable d'éviter de dépenser de grosses sommes sur un coup de tête. Une bonne idée peut être de dresser un bilan de sa situation financière, incluant un portrait de ses actifs, de ses passifs ainsi que de ses objectifs financiers. En discuter avec un planificateur qualifié pour établir un plan de match afin de réaliser ses objectifs est également un choix judicieux.
