Y a-t-il une «bulle» dans la biotech?

Publié le 06/05/2015 à 08:56

Y a-t-il une «bulle» dans la biotech?

Publié le 06/05/2015 à 08:56

Photo: Shutterstock

Les titres de biotechnologie et du secteur de la santé sont en forte demande. Mais cela ne veut pas dire qu’on puisse parler de «bulle».

Tout ce qui touche aux soins de santé est en feu. Par exemple, selon Morningstar, le rendement annuel composé de ce secteur pour les trois et cinq dernières années a été de 25% et de presque 20%, respectivement.

Si on isole les titres de biotech, c’est encore plus impressionnant, 34% en un an, 37% par année depuis trois ans et 29% sur cinq ans. Il est difficile de croire que cela peut se poursuivre à ce rythme.

Selon Credit Suisse, entre le début de 2011 et la fin de mars 2015, l’indice NYSE ARCA Biotech a explosé de 204% par rapport à 64% pour le S&P 500.

Les cinq plus grosses sociétés biotech, Gilead Sciences, Amgen, Biogen, Celgene et Regeneron Pharmaceuticals, valent ensemble 450 milliards de dollars (G$) US, par rapport à 128G$US au début de 2011. Et 82G$US au début de 2001.

Il y a actuellement 44 sociétés biotechs avec des valeurs boursières de plus de 2G$US (excluant les cinq plus grandes); il y a un an, il n’y en avait que 26 et seulement 14 en 2011.

De plus, le nombre de premiers appels publics à l’épargne (PAPE) en 2014 a atteint 82, soit un nombre plus élevé que le précédent sommet de 67 PAPE en 2000. Et il y en a eu au moins 12 cette année, jusqu’ici.

Ce sont ces données qui donnent des frissons à bien des observateurs financiers et qui appuient les affirmations de «bulle biotech».

Ne criez pas «au feu» trop vite

Vous savez que je suis un peu allergique à l’utilisation du vocable «bulle», lequel est clairement trop utilisé.

Reste que le climat a de quoi inciter à la prudence. Mais c’est une erreur de crier «au feu!» trop vite.

Si je jette un œil aux grosses sociétés biotechs, je ne vois pas de surévaluation flagrante. Gilead a par exemple une valeur boursière de plus de 150G$US et le titre a plus que quaruplé depuis cinq ans. Par contre, la performance financière a été extraordinaire. Le titre se vend 10 fois les bénéfices, en partie parce qu’on estime que la croissance de son médicament vedette Sovaldi, qui combat l’hépatite C, s’essoufflera. Il n’y a certes pas d’effervescence aveugle de ce côté.

Amgen, qui vaut 121G$US, se vend environ 15 fois les bénéfices. Biogen (90G$US) se vend 20 fois les profits prévus l’an prochain; Celgene (86G$US) est à 18 fois; Regeneron est plus cher à un peu moins de 40 fois les bénéfices.

Bref, il n’y a pas d’aubaine évidente au sein de cette catégorie de titres, mais on est fort loin d’évaluations absurdes.

C’est probablement différent chez les nombreuses plus petites sociétés biotechs qui commandent des valeurs boursières élevées, sans avoir de bénéfices, sur la base de l’espoir qu’offre leur pipeline de produits. Je vous avouerai mon immense incompétence quant à évaluer ces produits et technologies.

J’écoutais avec fascination l’autre jour un gestionnaire parler du potentiel d’une société de biotechnologie active dans le domaine de la biologie synthétique. Cela semble un secteur au potentiel vraiment extraordinaire. Cette entreprise a une valeur boursière de 4G$US, des revenus d’à peine 72M$US en 2014 et aucun bénéfice significatif. À l’entendre, le potentiel est incroyable et je peux le percevoir à long terme.

Par contre, je suis incapable d’évaluer ce genre d’entreprises (je veux juste qu’elle réussisse à guérir tous les maux des êtres humains, elle et ses comparses biotechs). Je suis aussi incapable de dire si sa valeur boursière (le titre a doublé depuis son premier jour en Bourse en 2013) est justifiée au non.

Ce qui, rationnellement, veut aussi dire que je suis incapable d’affirmer avec conviction que ce titre ne vaut pas les milliards que le marché lui attribue actuellement.

Évidemment, je sais que dans l’ensemble des petites sociétés du secteur, il y a aura des échecs fracassants (et des pertes massives de capital) et quelques succès, bien récompensés. Incapable de discerner les uns des autres, je ne fais qu’observer.

Oui, il y a enthousiasme pour ce secteur, qui n’a rien fait pendant 10 ans (entre 2000 et 2010), ce qui devrait inciter à la grande prudence. Mais n’est-ce pas toujours vrai en Bourse?

Bernard Mooney

 

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