Mooney: Profiter du malheur des autres

Publié le 11/04/2013 à 09:35, mis à jour le 11/04/2013 à 10:32

Mooney: Profiter du malheur des autres

Publié le 11/04/2013 à 09:35, mis à jour le 11/04/2013 à 10:32

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Bien des investisseurs ont des problèmes avec l’idée de ne pas être préoccupés par la possibilité qu’il y ait récession ou ralentissement économique. D’une part, ils craignent l’impact sur la valeur de leur portefeuille et d’autre part, se disent qu’il serait beaucoup plus payant de pouvoir vendre avant une telle récession pour racheter après!

Avec l’expérience on sait qu’une telle idée approche la pensée magique. Personne n’est capable de prédire les récessions et les creux boursiers associés à elles.

De plus, il n’est pas nécessaire de prédire si on choisit des sociétés capables de traverser les récessions et même d’en sortir plus fortes.

J’ai souvent écrit sur cette idée et je sais que bien des gens sont sceptiques. Cela semble, ça aussi, être du domaine du vœu pieux.

Je vous donnerai deux exemples rapides. Wells Fargo, de San Francisco, est devenue le plus important prêteur hypothécaire avec 28,8% du marché des hypothèques en 2012. C’est un record sans précédent et se compare à 11,2% en 2007, soit l’année avant que Wells achète Wachovia.

En 2012, Wells Fargo a généré pour 524 milliards de dollars (G$) US en hypothèques, le montant le plus élevé de tous les temps pour un seul prêteur et plus important que les cinq plus importants prêteurs combinés, selon Inside Mortgage Finance.

Non seulement la crise financière a permis à la direction de Wells Fargo d’acheter Wachovia, mais elle a aussi tellement traumatisé les autres institutions financières que ces dernières se sont retirées en partie du marché des hypothèques, ouvrant toutes grandes les portes pour la banque californienne.

Il n’y a pas de plus bel exemple de profiter d’une récession pour devenir plus fort pour le long terme.

En fait, il y a peut-être un meilleur exemple avec la banque newyorkaise M&T Bank que je suis maintenant depuis plus de 20 ans. Cette banque a eu le mérite de ne jamais toucher à son dividende durant la crise, poursuivant son modèle d’affaires sans broncher.

«Cette stabilité nous a donné la capacité de profiter d’occasions d’acquisitions qu’une économie en trouble et en changement nous a offert», écrit Robert G. Wilmers, 78 ans, président du conseil et chef de la direction dont le message aux actionnaires est toujours fascinant.

En 2009, M&T Bank a acheté Provident Bankshares, devenant la principale banque dans le Maryland et à Baltimore. En 2011, la banque a pris de l’expansion dans le Delaware avec l’acquisition de Wilmington Trust. En août 2012, M&T Bank a annoncé l’achat de Hudson City Bancorp dans une transaction de 3,7 milliards lui donnant une présence accrue dans les marchés du New Jersey et du New York métropolitain.

Avec cette dernière acquisition, M&T Bank aura doublé sa taille dans ses marchés principaux, gracieuseté des problèmes liés à la crise de 2008.

En passant, la banque a réalisé des résultats records en 2012, surpassant le milliard pour la première fois.

Voilà deux exemples éloquents de sociétés qui ont vraiment profité de la récente récession et cela dans l’industrie la plus touchée par celle-ci.

Bernard Mooney

 

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