Les Dogs canadiens face aux Américains

Publié le 20/01/2015 à 09:12

Les Dogs canadiens face aux Américains

Publié le 20/01/2015 à 09:12

Photo: Shutterstock

BLOGUE. Si vous voulez une démonstration pratique de la grande différence entre les Bourses canadienne et américaine, il suffit de comparer les titres appartenant à la stratégie appelée les «Dogs of the Dow» et l’équivalent canadien.

La semaine dernière, ma collègue du journal Dominique Beauchamp a écrit sur l’édition 2015 des Dogs, cette stratégie qui consiste à acheter à parts égales les 10 titres de l’indice Dow Jones affichant le rendement de dividende le plus élevé, au début de chaque année.

Les 10 titres sont AT&T et Verizon dans le secteur des télécommunications, McDonald’s et Coca-Cola dans la consommation, Chevron et ExxonMobil dans le secteur énergétique, Pfizer et Merck dans le domaine de la santé, et General Electric et Caterpillar dans le vaste secteur industriel.

Même s’il ne s’agit que de 10 titres, on doit admettre qu’il y a là une belle brochette de sociétés très solides oeuvrant dans des secteurs diversifiés, en partie cycliques, mais pas trop. Et avec des rendements en dividende allant de 2,89% pour Coca-Cola à 5,48% pour AT&T. On peut faire pire comme portefeuille, non?

L’an dernier, la version des Dogs comprenait des titres technologiques (Microsoft, Intel et Cisco Systems) qui augmentait encore plus leur diversification. Mais ces titres ont bien performé, au point de ne plus répondre au critère d’admission de cette stratégie.

La version canadienne, appelée les «Hounds of Bay Street», suit le même principe, sélectionnant les 10 titres avec les rendements en dividendes les plus élevés au 31 décembre, mais à partir de l’indice canadien S&P/TSX 60. Cet indice contient une brochette des titres à plus grande capitalisation de l’indice S&P/TSX.

À l’image du marché boursier canadien, cette version souffre d’un manque de diversification flagrant et dangereux. Les titres du secteur des ressources naturelles s’y retrouvent en grand nombre et la mauvaise performance de ce secteur l’an dernier leur assure une place prépondérante dans les «Hounds» de 2015.

Les 10 titres des «Hounds» sont ainsi : Canadian Oil Sands, Crescent Point Energy, TransAlta, Teck Resources, ARC Resources, BCE, Cenovus Energy, Husky Energy, CIBC et Pembina Pipeline. Ils offrent un rendement en dividende allant de 4,1% à 13,4%. Oui, vous avez bien lu, 13,4%, soit le rendement de Canadian Oil Sands, sur la base de son dernier dividende payé. Toutefois, la société a annoncé en décembre que son dividende sera réduit, passant de 0,35$ par trimestre à 0,20$. Malgré que le titre a déjà perdu plus de 20% depuis le début de l’année, son rendement reste supérieur à 10%, ce qui nous dit que les investisseurs sont pratiquement certains que le dividende sera encore charcuté dans les prochains mois.

La stratégie des Dogs et des Hounds est axée sur le rendement d’une année et dans ce sens, je n’ai aucune idée quant à la performance de ces titres en 2015. Je peux vous dire par contre qu’il n’y en a pas beaucoup dans la liste canadienne qui m’intéressent comme placement à long terme. Vous en avez six ou sept qui sont actifs de très près ou d’un peu plus loin dans le secteur des ressources et un trop grand nombre dans le secteur pétrolier pour en faire une stratégie qui n’est pas trop spéculative.

À mon avis, il serait sage d’éviter la stratégie canadienne des Hounds.

Enfin, cela en dit long à mon avis sur la profondeur du marché canadien et sur l’importance d’élargir ses horizons en incluant des titres américains dans son portefeuille (même en payant avec un dollar canadien déprimé).

Bernard Mooney

 

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