Le gestionnaire de la décennie est...

Publié le 25/10/2011 à 08:38, mis à jour le 25/10/2011 à 09:34

Le gestionnaire de la décennie est...

Publié le 25/10/2011 à 08:38, mis à jour le 25/10/2011 à 09:34

Blogue. Difficile le métier de gestionnaire de portefeuille. C’est encore plus vrai lorsque vous êtes nommé «Gestionnaire de la décennie».

Cette semaine, l’hebdomadaire financier Barron’s publie un reportage sur les problèmes de Bruce Berkowitz, gestionnaire vedette du Fairholme Fund. Avant cette année, M. Berkowitz avait battu le marché dans son ensemble par une moyenne annuelle de 14% dans les derniers 10 ans ! Toute une performance, n’est-ce pas ?

Sauf que cette année, ses actionnaires souffrent le martyr, le rendement de son fonds étant de moins 27% alors que le S&P 500 a à peu près fait du surplace. Cela donne une sous-performance de plus de 25% !

Depuis un an, les actifs ont fondu de moitié à neuf milliards de dollars (G$) US. Barron’s rapporte de plus que Fairholme vit une tempête à l’intérieur, la société ayant perdu un gestionnaire-partenaire de M. Berkowitz dans des circonstances nébuleuses.

Imaginez-vous que Bruce Berkowitz a été nommé l’an dernier le gestionnaire de la décennie par Morningstar. Cela me rappelle la manchette du magazine Fortune qui en 2008 avait consacré Ken Heebner de la firme Capital Growth Management, le gestionnaire de la décennie.

Les trois années suivantes, oups, M. Heebner a perdu sa main magique, son principal fonds, CGM Focus, sous-performant au moins 96% des fonds comparables, soit en 2008, en 2009 et en 2010.

Et, avant lui, Bill Miller, de Legg Mason Fund avait fait les manchettes de toutes les publications financières de la planète en surperformant l’indice S&P 500 pendant 15 années consécutives, une performance vraiment extraordinaire. Par la suite, sa performance a dégringolé (en fait, depuis 2006, M. Miller est bien ordinaire).

Comment expliquer ce phénomène ? Y a-t-il un sort jeté par l’univers aux gestionnaires qui sont couronnés roi et maître de la Bourse ? Pas vraiment !

Ce qui arrive peut s’expliquer par la confluence de plusieurs facteurs, dont le premier est la conséquence directe du succès. Qui dit succès comme gestionnaire, dit des entrées monstres de capital à gérer. Or, comme Warren Buffett l’a souvent dit, il n’y a pas d’ancre plus fiable pour les rendements que la grosseur des sommes à investir.

Pour caricaturer leur cheminement, ces gestionnaires commencent par gérer de petits fonds peu connus où ils peuvent exercer leur art pleinement. Les bons rendements, année après année, attirent le capital jusqu’à l’inondation que provoquent les mentions d’honneur dans les médias et les publications spécialisées.

Devenus gros, voire immenses et suivis de près, la pression pour les rendements grimpe alors que les bonnes idées de placement ne sont pas nécessairement toujours au rendez-vous. Et souvent, comme le fait la vie parfois, la chance se transforme en malchance (soyons honnêtes et admettons que la chance, ça aide toujours).

Tout cela pour dire que ces gestionnaires ne sont pas devenus des cancres de la Bourse. Ils vivent uniquement les effets du grand cycle des marchés financiers. Si vous investissez dans les fonds communs, soyez au moins conscient de ce phénomène !

Bernard Mooney

 

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