Des profits embrouillés par le pétrole

Publié le 26/01/2015 à 09:23, mis à jour le 26/01/2015 à 13:29

Des profits embrouillés par le pétrole

Publié le 26/01/2015 à 09:23, mis à jour le 26/01/2015 à 13:29

(Photo: Bloomberg)

Si pour vous et moi, la baisse des prix pétroliers est sans équivoque un événement positif, les investisseurs sont moins certains. En effet, ils ont tendance à voir le verre à moitié vide quant aux impacts à court terme en se disant qu’il sera toujours le temps d’embrasser les retombées positives, lorsqu’elles se manifesteront.

Il y a 10 semaines, les analystes financiers prévoyaient des bénéfices par action de 134$US pour l’exercice 2015 pour l’ensemble des sociétés du S&P 500. C’était une croissance de 14% par rapport aux bénéfices prévus pour 2014. Vendredi dernier, ces prévisions avaient été révisées à environ 126$US, ce qui représenterait une amélioration de 6,5% par rapport à l’an dernier.

Avant d’en dire plus long, je vous fait immédiatement remarquer que ce 6,5% est environ la moyenne historique pour le S&P 500 depuis 60 ans. C’est donc que les analystes étaient un peu trop optimistes, ce qui est un phénomène récurrent.

Le fait que ces attentes aient été dégonflées est une bonne nouvelle en soi. Cela diminue les chances d’être déçu!

Reste qu’il y a quelques vents de face qui devraient affecter la rentabilité des sociétés cette année. Évidemment, tout le secteur énergétique est au premier plan de l’actualité. D’ailleurs, environ 70% de la baisse des prévisions de bénéfices pour 2015 depuis 10 semaines s’explique par la dégringolade des prix pétroliers.

De plus, l’appréciation du dollar américain face à la plupart des devises, en particulier l’euro, affectera les bénéfices des multinationales. Ce fut un facteur pendant toute l’année dernière, mais cela est encore plus vrai depuis trois mois. Pour avoir une bonne idée de cet impact, il faut se rappeler que les sociétés du S&P 500 réalisent environ 40% de leurs bénéfices à l’extérieur des États-Unis.

Alors, le gain de près de 20% du billet vert depuis un an par rapport à un panier de devises représente une force négative pour les profits cette année. Et pour compliquer encore plus le portrait, la croissance dans bien des pays importants pour ces multinationales, entre autres en Europe, est relativement faible.

Tout n’est pas négatif, toutefois. Le dividende pétrolier, le nom que je donne aux retombées positives de la fonte des prix du pétrole, se fera sentir progressivement au fil des mois en 2015, procurant un catalyseur positif pour les profits des entreprises. De plus, les mesures prises par les banques centrales, comme celle de la Communauté européenne et du Canada, pour stimuler leurs économies donneront des fruits dans les prochains mois.

Du côté canadien, nos sociétés aussi vivront une année partagée. Toutes celles actives de près ou de loin dans le grand secteur des ressources seront encore frappées par la baisse des prix des matières premières. Les autres devront se démarquer dans une économie en croissance faible. Enfin, l’importante baisse de notre devise par rapport au dollar US depuis novembre aidera nos exportateurs.

Dans l’ensemble, il vaut mieux avoir des attentes modérées quant aux profits cette année.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.