Ce qu'un rapport annuel peut vous apprendre et l'exemple fascinant de Pepsico

Publié le 13/05/2015 à 09:00

Ce qu'un rapport annuel peut vous apprendre et l'exemple fascinant de Pepsico

Publié le 13/05/2015 à 09:00

Photo: Shutterstock

J’ai souvent écrit sur le rapport annuel et son déclin relatif dans le monde financier. C’est toujours vrai et probablement encore plus que jamais.

Je lis une grande quantité de ces rapports, autant de sociétés canadiennes qu’américaines, et je remarque que pour bien d’entre elles, ils n’ont pas grande importance. De plus en plus, les dirigeants se contentent d’un court commentaire avant de laisser toute la place au document réglementaire, le 10K aux États-Unis et le rapport formel de la direction au Canada.

Le contact direct avec ses actionnaires est ainsi une idée qui semble dépassée. C’est selon moi très dommage.

Reste que le rapport annuel est pour l’investisseur un outil clé, pour approfondir sa connaissance des sociétés et pour faire le point fondamental sur les réalisations et les perspectives de ses titres en portefeuille. Et en fouillant un peu, on y découvre des informations fascinantes.

Le fascinant exemple de Pepsi

Je vais vous donner l’exemple du rapport de Pepsico, (NY, PEP, 96$US), géant mondial des boissons gazeuses et des aliments. Son rapport est de grande qualité, pas le meilleur que j’ai lu, mais tout de même supérieur à la moyenne. La lettre de sa présidente et chef de la direction, Indra K. Nooyi, est très intéressante et assez complète.

Ce qui a attiré davantage mon attention concerne les informations financières sur les différentes activités et filiales de Pepsico. Je savais que ses activités dans les croustilles étaient de première classe. Mais j’ai constaté que sa filiale Frito-Lay, connue pour des marques dominantes comme Lay, Ruffles, Doritos et Cheetos, était d’une valeur exceptionnelle.

Ses activités sont seulement séparées pour le marché nord-américain, ce qui ne donne qu’une vision partielle. C’est suffisant pour faire saliver les capitalistes.

Ainsi, Frito-Lay Amérique du Nord a réalisé des revenus de 14,5 milliards de dollars (G$) US en 2014, en progression de 3% par rapport à 2013. Cette filiale représente 22% du total des revenus de Pepsico et a eu la plus forte croissance l’an dernier.

Ses bénéfices d’exploitation ont atteint 4,0G$US l’an passé, ce qui signifie des marges de près de 27,6%. C’est exceptionnel. Les marges d’exploitation de Pepsico sont de 14,4%, ce qui est excellent, mais loin derrière celles de ses activités dans les croustilles.

Plus loin dans les états financiers, on peut approfondir notre coup d’œil sur la rentabilité de Frito-Lay. Cette dernière réalise ses activités avec un actif total de 5,3G$US. Ses bénéfices d’exploitation représentent donc un rendement de l’actif de 75%! Dur à battre.

Sur la même base, soit en excluant les actifs liés au domaine corporatif de Pepsico, cette dernière a un rendement de l’actif opérationnel de près de 17%. C’est une rentabilité superbe et qui fait saliver bien des entreprises. Mais c’est loin de celle de Frito-Lay.

Des investisseurs activistes ont déjà exercé de la pression sur la direction pour qu’elle travaille davantage pour créer de la richesse pour ses actionnaires. Le titre de Pepsico, depuis cinq ans, a moins bien fait que l’indice S&P 500 et aussi moins bien fait que l’indice de son secteur.

Or, avec un joyau comme Frito-Lay, il me semble qu’il est pertinent d’au moins poser la question à savoir si les investisseurs tiennent compte de la qualité et la grande valeur de ces activités en Bourse.

Voyez ce que quelques minutes à étudier un rapport annuel peut rapporter en découvertes et en réflexions…

Bernard Mooney

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