(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. « Tu t’es regardée dans le miroir ce matin ? », m’avait lancé cette femme bien en vue lorsque je me suis assise dans son bureau. J’étais partie tôt de chez-moi pour ce rendez-vous et en chemin, j’avais mangé un muffin aux bleuets. Un peu gênée, je pensais avoir des morceaux de petits fruits pris entre les dents jusqu’au moment où la femme ajouta : « Je crois que toi, tu vas finir vieille, seule et ridée… ».
Bienvenue à « Surprise-Surprise » ?
Complètement stupéfaite, il n’y avait plus un mot qui sortait de ma bouche. C’est comme si mon corps était paralysé. Puis, mes yeux ont commencé à chercher où étaient cachées les caméras. « On doit être en train de filmer ma réaction, je suis sûrement à l’émission “Surprise-Surprise !” », m’étais-je imaginé pensant être la victime d’une mauvaise blague.
Non, je n’avais pas été piégée… du moins, pas par des caméras. Et comme si de rien n’était, mon interlocutrice continuait de me faire la conversation. Déconcentrée, j’ai poursuivi le meeting du mieux que j’ai pu, et ce, dans la confusion la plus totale. De toute évidence, ses propos avaient réussi à m’abaisser sans que je ne puisse en saisir les réelles intentions. Du coup, j’étais totalement décontenancée.
Notre entretien se poursuivit dans un restaurant. Puis, à un moment donné, elle s’est mise à dénigrer d’autres femmes entrepreneures bien connues et respectées dans le monde des affaires. C’est là que j’ai réussi à reprendre un peu de mes esprits ; le temps que j’ose lui rappeler le nombre d’emplois que ces femmes-là avaient réussi à créer ! Elle quitta en me laissant la facture de son repas et me donna rendez-vous la semaine suivante.
Le lendemain matin, je lui ai envoyé un courriel. Même si ce projet avait le potentiel de me générer des bénéfices, il n’était pas question pour moi de poursuivre l’aventure. Étant donné que cette femme jouissait d’un certain pouvoir, il fallait que je trouve un moyen de me retirer sans créer trop de remous. « Je crois que je n’ai malheureusement pas l’envergure nécessaire pour réaliser ce projet. Je vous souhaite bonne continuité dans vos activités… », lui avais-je écrit sur un ton dérisoire.
« LOL… » : (Laughing Out Loud)
J’aurais bien voulu pouvoir tourner complètement la page et ignorer cette personnalité publique à jamais. Mais chaque fois que je la vois glorifier faussement, sur toutes les tribunes qui s’offrent à elle, les bienfaits de la solidarité féminine, ça vient automatiquement me chercher. Inévitablement, ça ravive en moi le mauvais quart d’heure qu’elle m’a fait passer, il y a de cela déjà huit ans. C’est comme si j’avais un bleu sur le corps aussi gros que celui que Maripier Morin a fait à Sofia Nolin en lui mordant la cuisse…
Malgré le traitement qu’elle m’avait réservé, je ne me suis jamais considérée comme une victime. Cependant, il est vrai que parfois, j’ai envie de lui texter le célèbre acronyme « LOL… » ; question de dénoncer l’ironie de certains de ses propos qui n’ont absolument rien à avoir avec le comportement toxique qu’elle entretient aussi envers d’autres femmes entrepreneures.
Se garder une petite gêne…
À l’ère de l’« instagrammable », où la culture du bien paraître semble avoir pris le dessus sur l’être, on retrouve beaucoup de « bottines qui ne suivent pas les babines » et pas mal de « faites ce que je dis, pas ce que je fais » dans le monde artistique et des affaires.
La saga Nolin-Morin, qui fait la une de la présente vague de dénonciations, en est un bon exemple. Voici le message que Maripier Morin avait publié sur ses réseaux sociaux le jour même où Safia Nolin a décidé de dénoncer le comportement répréhensible que l’animatrice avait entretenu à son égard, il y aurait eu de cela deux ans. J’ai eu le temps de le copier avant qu’il ne soit supprimé de son compte Instagram.
« Alors cette année, je vais souhaiter voir plus de bienveillance, moins de grossophobie, de maigrophobie, de mysoginie (sic), d’homophobie et moins de racisme, bref moins de méchanceté en général. Moins d'animosité entre nous, incluant les réseaux sociaux. Plus de compassion, de bienveillance, d'écoute… plus de variété ethnique dans notre télé et dans notre cinéma, plus de diversité corporelle dans les magazines et dans les campagnes publicitaires. Plus d’égalité, plus de diversité. » – Maripier Morin
Avant de publier des messages qui empêchent d’atteindre une forme de vérité et de profondeur, peut-être qu’on devrait tous se garder une petite gêne…
