TikTok, la Chine, vos enfants, un iPad... et vous

Publié le 06/12/2019 à 07:00

TikTok, la Chine, vos enfants, un iPad... et vous

Publié le 06/12/2019 à 07:00

(Image: Apple)

C’est connu, mais pas tant que ça au Québec, et la raison est plutôt simple : tout se fait en anglais. La semaine prochaine, Apple, Google, Microsoft et tous les autres géants de la techno feront pourtant des efforts hors de l’ordinaire pour approcher les jeunes et les moins jeunes, afin de les aider à mieux comprendre les technologies, l’informatique, et le numérique.

Car voyez-vous, la semaine prochaine, c’est la Computer Science Education Week. Et dans le cadre de cette semaine, il y aura le Hour of Code, un mouvement qui vise à offrir une heure de formation à tous les élèves et enseignants intéressés à se familiariser avec cet univers qui, ça va sans dire, n’est plus que l’affaire d’une poignée de geeks cachés dans leur sous-sol.

Pas besoin d’avoir des iPad dans vos classes pour ressentir l’urgence d’aborder ces questions entre prof et élèves. Car contrairement à Las Vegas (selon ce que dit l’adage), ce qui se passe sur Instagram, sur Snapchat et même sur TikTok, ça ne reste pas sur Instagram, Snapchat ni TikTok.

Surtout pas sur TikTok, une application que plusieurs soupçonnent d’être à la solde du gouvernement chinois, quoiqu’en dise son créateur. Un peu comme Huawei, finalement, ce n’est pas ni tout noir, ni tout blanc. Mais TikTok a notamment censuré une publication sur son réseau à propos des Ouïgours, une partie de la population chinoise qui est la cible du gouvernement central depuis des années, pour laquelle on a récemment découvert des camps de concentration, en Chine.

Le lien entre cette population turcophone et musulmane et la Semaine de l’éducation en informatique? C’est un excellent moment pour parler d’éthique, de principes, et de leur application dans le monde numérique, puis réel. Faire prendre conscience à un jeune de 10 à 14 ans qu’un geste aussi banal que l’utilisation d’une application mobile peut avoir des conséquences jusqu’au fin fond d’une lointaine province chinoise, c’est un excellent moyen d’entrer dans d’autres sujets sociaux brûlants d’actualité.

Comme, par exemple, les limites, le respect et la tolérance face aux questions de religion et de liberté d’expression.

Si ça, ce n’est pas dans l’air du temps…

Le temps d’écran enfin résolu

«Le Hour of Code, ça peut être un bon déclencheur pour parler d’autre chose», confirme François Lake-Héon, enseignant à l’école L’Arpège, la plus vieille école primaire de la ville de Sainte-Julie, sur la rive sud de Montréal.

Dans sa petite école de quartier, M. Lake-Héon a fait comme d’autres enseignants ailleurs au Québec et a introduit, il y a quelques années, des tablettes dans sa classe. Ça a commencé plutôt modestement, auprès des élèves les plus vieux, mais voilà qu’aujourd’hui, tous les cycles du primaire, incluant le service de garde, ont accès à la technologie.

«Les enfants choisissent un projet et le mènent à terme. Ça prend différentes formes, de la robotique à la programmation, de la maternelle à la 6e année. On a des Lego, puis il y a des outils de programmation comme Tynker (pour l’environnement Minecraft) et Swift Playground (d’Apple). En programmant, l’élève écrit du code lui-même, définit son projet et structure sa pensée en développant des aptitudes en français, en anglais et en mathématiques, entre autres», ajoute l’enseignant julievillois.

L’introduction des écrans à l’école s’est faite de façon plutôt ad hoc au fil des dix dernières années. Évidemment, à mesure que tablettes et portables se répandent dans les salles d’école, sans parler des sans-fil que des élèves trimbalent eux-mêmes de la maison, des parents ont commencé à s’inquiéter de leur omniprésence. Le fameux temps d’écran peut rapidement devenir trop grand pour être uniquement bénéfique…

François Lake-Héon opine. Mais tant les parents que l’école ont un rôle à jouer pour rendre cette technologie moins invasive, moins addictive. «On sait que les écrans peuvent finir par prendre beaucoup de place. On les utilise minimalement. On en profite aussi pour parler de cybercitoyenneté et de responsabilité face au numérique. Mais évidemment, c’est une question qui va au-delà de l’école et les parents ont leur rôle à jouer dans ce phénomène.»

Un outil personnel… et (éventuellement) professionnel

L’introduction d’outils informatiques à l’école dépend beaucoup des enseignants et de la direction de chacun des établissements scolaires. Mais certaines tendances régionales s’observent. Par exemple, au Canada, Apple et Microsoft sont les poids lourds de ce créneau de l’informatique scolaire.

Aux États-Unis, Google et ses Chromebook semblent avoir une plus grosse part du gâteau. Évidemment, tout ce beau monde-là se chamaille pour gagner la tête et le cœur des enseignants, des parents, et, ultimement, des élèves. À L’Arpège, François Lake-Héon recourt à des iPad, et a récemment décroché le titre d’Éducateur certifié par Apple, ce qui lui donne accès à du matériel didactique additionnel.

Dans tous les cas, ce sont moins les outils, que ce qu’on peut faire avec, qui doit primer, indique l’enseignant. «On parle beaucoup de compétences numériques comme des compétences de base pour le 21e siècle. Toucher un peu à la programmation, c’est une façon pour les élèves de mieux s’outiller face à ce phénomène. Ça n’a pas besoin de devenir leur profession, mais s’ils sont familiers avec la création de logiciels et d’applications, plus tard, s’ils ont à interagir avec des programmeurs dans le cadre d’autres travaux, ou dans leur éventuelle profession, ils sauront au moins de quoi ils parlent.»

Puisqu’il est question d’Apple, rappelons que son PDG, Tim Cook, a déjà souhaité que l’apprentissage des langages de programmation soit considéré comme étant aussi important, pour les futurs adultes qui sont actuellement à l’école, que celle d’une seconde langue, que ce soit l’anglais, l’espagnol ou autre.

On n’ira pas le contredire. En 2019, créer un site web ou développer une application est l’équivalent d’envoyer une lettre par la poste il y a 30 ans. Aussi bien apprendre comment ça se fait plus tôt que tard.

La semaine prochaine semble être un excellent moment pour s’y mettre…

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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