"Contrairement à un chef d'entreprise, un maire gère plus les dépenses que les revenus"

Publié le 13/12/2008 à 00:00

"Contrairement à un chef d'entreprise, un maire gère plus les dépenses que les revenus"

Publié le 13/12/2008 à 00:00

Au-delà des grands projets médiatisés, c'est une véritable révolution administrative que le maire de Québec veut provoquer dans sa ville. Et ce ne sera pas simple : les négociations avec les 7 200 employés municipaux sont ardues. Mais Régis Labeaume, un homme d'affaires qui a fait fortune dans les mines, ne doute pas de son succès : "Quand je le dis, je le fais !"

Mais peut-on administrer une ville comme on dirige une société ? "Une ville n'est pas une entreprise, répond M. Labeaume, élu maire il y a tout juste un an. Un maire génère du bonheur et du bien-être, pas des bénéfices. Et contrairement à un chef d'entreprise, un maire gère beaucoup plus les dépenses que les revenus."

Ainsi, M. Labeaume a récemment décidé de rendre gratuits la baignade et le patinage. "Ce n'est certainement pas une décision d'entreprise. Mais dans certains secteurs de la ville, la fréquentation de la piscine a augmenté de 60 %. Si ça aide la population à améliorer sa santé, c'est bénéfique pour la ville."

Des méthodes de gestion désuètes

La Ville de Québec, surtout depuis la fusion de 13 villes, est très en retard sur les nouvelles méthodes de gestion, estime Régis Labeaume, qui n'a pas tardé à s'attaquer au problème. Peu après son élection, il a lancé 24 chantiers pour améliorer l'efficacité de son administration.

Il donne l'exemple du concept "juste-à-temps", très répandu dans le secteur privé, mais inconnu à l'Hôtel de ville, sans doute l'une des dernières organisations au Québec à payer ses employés à la semaine plutôt qu'aux deux semaines, ce qui entraîne des coûts inutiles.

Autre anachronisme : "Toute entreprise privée sait qu'avant de vendre un produit ou un service, il faut en connaître le prix de revient. Or la Ville n'a aucune idée de ce que coûte le nettoyage d'une rue ou l'entretien de telle machine. Connaître le prix de revient de nos services est l'un de mes principaux objectifs", affirme M. Labeaume.

Le tableau de bord

Le maire veut mettre en place un tableau de bord qui lui permettra de faire une suivi mensuel du budget : Quelle proportion du budget a été dépensée dans chacun des six arrondissements ? Quel est le taux d'absentéisme du personnel ? Où en sont les dépenses en immobilisations par rapport aux prévisions ? "De cette façon, si on ne respecte pas notre budget, on pourra redresser la situation avant la fin de l'exercice financier", dit-il.

Un autre objectif est de combler les postes de cadres supérieurs par un gestionnaire de l'interne et un de l'externe, en alternance. Question de faire entrer de l'air frais dans l'organisation, dit M. Labeaume, qui a remplacé trois de ses quatre directeurs généraux adjoints en neuf mois.

Mener de front 24 chantiers, cela semble beaucoup pour un maire qui n'a été élu que pour moins de deux ans, soit le reste du mandat d'Andrée Boucher, décédée subitement. "J'ai mis en place de nouvelles méthodes de gestion. Et si je suis réélu le 1er novembre 2009, on amorcera rapidement le changement de culture." Il prévoit toutefois qu'il faudra une dizaine d'années pour implanter solidement cette nouvelle culture de gestion.

Deux secteurs prioritaires

Dans la stratégie de développement du maire, deux secteurs sont prioritaires : la créativité et l'innovation technologique. Il veut que l'immense créativité de Robert Lepage, dont le Moulin à images a été l'une des principales attractions du 400e anniversaire de la ville, serve d'inspiration. Ce secteur créativité englobe notamment les technologies culturelles, le divertissement interactif et la production numérique télévisuelle et cinématographique.

Dans le domaine de l'innovation, M. Labeaume souhaite "industrialiser les connaissances", c'est-à-dire réorganiser le cycle de développement technologique "pour aller au-delà du laboratoire, jusqu'au produit commercialisable".

Le projet qui lui tient le plus à coeur est la NeuroCité, un complexe universitaire et industriel de calibre mondial voué à la recherche sur le cerveau et ses maladies. Il sera situé dans le quartier d'Estimauville et attirera des investissements de 250 millions de dollars sur 10 ans.

"Je veux refaire dans ce quartier ce qui a été fait dans Saint-Roch", précise M. Labeaume, qui vient de nommer un directeur des grands projets qui se rapportera à lui tous les deux jours.

Et de qui le maire s'entoure-t-il ? "D'amoureux de Québec, uniquement. Des gens comme Robert Lepage, Jacques Tanguay [homme d'affaires très connu dans la région], Daniel Gauthier [cofondateur du Cirque du Soleil], etc."

Par ailleurs, vers la mi- décembre, l'administration municipale annoncera un programme de remplacement des infrastructures de 15 ans qui se chiffrera en milliards de dollars.

dominique.froment@transcontinental.ca

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