«Un don à la culture, c'est un peu comme un investissement» - Pierre Bourgie, du Groupe de travail sur la philanthropie culturelle

Publié le 15/06/2013 à 00:00

«Un don à la culture, c'est un peu comme un investissement» - Pierre Bourgie, du Groupe de travail sur la philanthropie culturelle

Publié le 15/06/2013 à 00:00

Le Groupe de travail que vous avez présidé vient de remettre son rapport. Comment avez-vous fixé l'objectif d'augmenter de 50 % les dons à la culture, pour les porter à 68 millions de dollars dans quatre ans ?

On voulait fixer un objectif pour que, tous les trois ans, un groupe puisse évaluer les résultats et l'efficacité des mesures. Les gens du ministère des Finances ont établi de manière prudente ce que pourrait rapporter chacune des mesures que nous proposons. Par exemple, le don d'immeuble destiné aux ateliers d'artistes et aux organismes culturels, on en a envisagé un par année, ce qui n'est pas exagéré.

Pourquoi les Québécois donnent-ils moins que les autres Canadiens ?

Les Québécois [particuliers et entreprises] donnent en moyenne 208 $ par année par personne, comparativement à 446 $ chez le reste des Canadiens [toutes catégories de don confondues]. Le retard est réel. Les causes peuvent être multiples. Le profil socioculturel des Québécois est différent. Par exemple, les Québécois sont moins préoccupés par l'avenir que par le présent, donc ils sont moins portés à planifier des dons à long terme, structurés. Toutefois, je pense que le coeur du problème est que, depuis la Révolution tranquille, les Québécois s'attendent à ce que le gouvernement s'occupe des arts et de la culture. Mais si on veut augmenter le financement en culture, il faut que le privé fasse sa place et que la culture de la philanthropie évolue. Il y a place à l'amélioration, car les Québécois sont fiers de leur culture.

Vous proposez de bonifier les mesures fiscales québécoises, déjà plus avantageuses que celles des autres provinces. Pourquoi ?

La plupart de nos propositions se fondent sur le fait que le gouvernement est prêt à récompenser l'effort. Le crédit d'impôt additionnel de 25 % pour un premier don de 5 000 à 25 000 $ vise à augmenter les dons. On sait que, lorsque les gens s'habituent à faire des dons, ils peuvent passer à une catégorie supérieure. On souhaite un effet d'entraînement. Notre rapport se veut structurant, on a une vision à long terme. Pour le crédit d'impôt additionnel [30 %] des dons majeurs [250 000 $ ou plus sur au maximum 10 ans], c'est le même principe. Sans mesures incitatives, il sera difficile d'augmenter la proportion en comptant simplement sur la générosité pure. Personnellement, toutes les fois que j'ai fait un don important, j'ai eu l'impression d'améliorer les choses. Faire un don, c'est contribuer au bien-être général et au nôtre. Il faut le voir un peu comme un investissement.

CV

Nom : Pierre Bourgie

Titre : Président du Groupe de travail sur la philanthropie culturelle, homme d'affaires et mécène Pierre Bourgie est président de la Société financière Bourgie. C'est le principal donateur du pavillon Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal. Il a été président des maisons funéraires Urgel Bourgie, qu'il a vendues en 1996.

3 %

Une proportion de 3 % des dons faits par les Québécois en 2010 a été accordée aux arts et à la culture.

Source : Statistiques Canada

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