Stageline se dote du bâtiment industriel le plus écoénergétique du Québec

Publié le 22/11/2008 à 00:00

Stageline se dote du bâtiment industriel le plus écoénergétique du Québec

Publié le 22/11/2008 à 00:00

Lise Morissat, présidente et chef de la direction de Stageline, est fière de son usine construite dans les règles de l'art du développement durable. Elle explique les ingrédients à réunir pour que plus de bâtiments du genre puissent sortir de terre au Québec.

Journal Les Affaires - Vous avez inauguré votre bâtiment le 1er octobre. Pourquoi construire vert ?

Lise Morissat - Comme nous avons pris beaucoup d'expansion ces dernières années, il nous fallait une deuxième usine. Et pour mes deux enfants de 28 et 29 ans, qui travaillent dans l'entreprise, cela allait de soi de le faire dans le respect de l'environnement. C'était d'autant plus pertinent que le développement durable fait partie des valeurs de Stageline. Notre produit est un bon exemple : fabriqué avec de l'acier recyclé, il a une durée de vie de plus de 25 ans et est recyclable à plus de 85 %.

JLA - Donc, la décision n'a pas été difficile à prendre ?

L.M. - Mes deux associés, dont Yvan Miron, fondateur de Stageline, étaient d'accord avec moi pour aller de l'avant. Le plus difficile a été de s'informer sur ce qui se fait en matière d'écoénergie, de normes, de certifications. Il a fallu démêler tout cela, apprendre le vocabulaire. Et surtout, trouver les experts ! J'ai rencontré plusieurs firmes d'ingénieurs et d'architectes pour m'apercevoir que peu d'entre eux avaient de l'expérience dans ce type de projets. Finalement, nous avons choisi Murox Énergie, filiale du Groupe Canam, pour son concept de haute performance énergétique. Mais ce concept n'avait jamais été appliqué dans un vrai bâtiment, nous étions les premiers.

JLA - Avez-vous dû faire des compromis ?

L.M. - Certainement. Pour éviter une explosion des coûts, il a fallu trouver des solutions plus créatives. Ainsi, en ce qui concerne la récupération d'eau de pluie servant à nettoyer les scènes quand elles reviennent de la location. On a commencé par nous présenter des concepts de bassins de béton qui coûtaient les yeux de la tête. Finalement, pour une fraction du prix, nous avons utilisé des réservoirs de fosse septique. Cela dit, la certification LEED comporte plusieurs niveaus. Nous avons décidé de ne pas viser le plus haut, qui est le plus cher.

JLA - Étiez-vous quand même prêts à assumer un coût supplémentaire pour construire vert ?

L.M. - Nous nous attendions à ce que ça coûte un peu plus cher... mais pas tant que cela. Sur les 6,5 millions de dollars qu'a coûté le bâtiment, environ 1,3 million sont attribuables aux aspects de construction durable et d'efficacité énergétique. C'est donc 20 % de plus. Avec les économies d'énergie, nous devrions amortir cet investissement en cinq ou six ans.

JLA - Avez-vous eu de la difficulté à convaincre votre banquier ?

L.M. - Cela n'a pas été évident, et tout n'est d'ailleurs pas encore réglé. Le problème vient du fait que les prêteurs et les investisseurs considèrent ce 20 % comme un dépassement de coûts. Ils utilisent des barèmes standards : un bâtiment industriel, ça coût tant du pied carré. Il n'y a pas de valeur ajoutée associée à la construction durable au Québec, contrairement à ce qui est le cas aux États-Unis et en Europe. Pour que ce soit le cas ici, cela impliquerait que les évaluateurs agréés, les institutions financières, les assureurs et les gouvernements se concertent pour établir des barèmes adaptés et des mesures fiscales, comme l'amortissement accéléré de la fraction environnementale des immeubles. Les discours sont verts, mais si rien n'est fait concrètement pour faciliter le financement, il sera difficile de convaincre les entreprises de passer à l'acte.

JLA - Vous prévoyez ouvrir votre bâtiment à des dirigeants qui songent à construire vert ?

L.M. - Pour prendre de bonnes décisions d'affaires, il faut de l'information valable. Quand nous avons entrepris notre projet, celle-ci n'était pas disponible. C'était un acte de foi. J'aurais aimé poser des questions à quelqu'un qui était passé par là. Alors, ça me fait plaisir de le faire pour les autres. Des dirigeants d'entreprise sont déjà venus visiter le bâtiment. On m'a aussi demandé de donner des conférences.

JLA - Les avantages de votre bâtiment dépassent-ils le strict plan environnemental ?

L.M. - Les usines ne sont pas des milieux de travail des plus confortables. Parmi nos critères dans la conception du projet, il y avait l'amélioration de la qualité de vie des employés. Le nouveau bâtiment favorise l'entrée de la lumière naturelle et la géothermie augmente le confort. Par exemple, les planchers sont chauffants. Juste le fait d'avoir les pieds au chaud peut faire une différence. Grâce à ce confort, sur certaines tâches, nous constatons une augmentation de la productivité de 5 à 6 % par rapport à notre autre usine.

dossiers@transcontinental.ca

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