Sortir du purgatoire

Publié le 05/10/2013 à 00:00, mis à jour le 03/10/2013 à 11:40

Sortir du purgatoire

Publié le 05/10/2013 à 00:00, mis à jour le 03/10/2013 à 11:40

«On a cru que les choses rentreraient rapidement dans l'ordre. Que je réglerais tout, tout de suite. Impossible. On part de bien plus loin que ce qui avait été évalué il y a un an», admet Robert Card. Les deux pommes pourries ont été retirées du baril, certes. «Une seule unité d'exploitation a été la source de tous nos problèmes, insiste le pdg. Comme chaque unité fonctionnait de façon quasi autonome, le directeur et le chef des finances ont fait la pluie et le beau temps.» Mais congédier Riadh Ben Aïssa et Stéphane Roy ne résout pas tout, reconnaît Robert Card. SNC-Lavalin doit comprendre la raison de ce qui s'est passé. Pour empêcher que cela ne se reproduise.

Robert Card remercie la commission Charbonneau, qui a largement contribué à son éducation... «Je n'aurais jamais pensé qu'il était si facile de sortir de notre siège social avec un sac contenant 120 000 $ pour livrer cette somme quatre rues plus loin», avoue-t-il. La commission Charbonneau lui a aussi appris qu'il existe toutes sortes de façon de générer de l'argent. Par exemple, verser un gros boni à un employé à condition qu'il vous en redonne une part importante.

Questionné à propos du rôle de son prédécesseur Pierre Duhaime dans la dérive éthique, Robert Card se montre prudent. «Je suppose qu'il n'a pas été impliqué de façon proactive dans ces dossiers. Il s'est laissé emporter. Je ne crois pas qu'il ait dit à ses employés "je veux que vous commettiez des actes illégaux". Mais si l'argent entre et que vous regardez ailleurs, alors vous faites partie du système.»

Un programme, trois piliers

Ériger un pareil système deviendra plus ardu. Désormais, tous les décideurs, des unités d'exploitation aussi bien que du siège social, auront quelqu'un par-dessus leur épaule. Plus de contrôle, plus de niveaux d'approbation, moins de pouvoir absolu, ce sont les trois piliers du nouveau programme d'éthique et de conformité de SNC-Lavalin. Chacun des 34 000 employés recevra un exemplaire du Manuel anticorruption. Et ceux qui occupent des fonctions à risque élevé recevront aussi une formation individuelle. Quant aux 32 cadres qui ont déposé une demande d'amnistie en échange de divulgation d'informations, ils attendent leur verdict. Leurs témoignages n'ont rien apporté de nouveau. Ils ont simplement confirmé ce que la direction savait déjà.

Revoir l'éthique suppose de repenser l'organigramme. Pour rompre certains liens et en créer d'autres. Trois cadres relèvent désormais du conseil : le pdg, le vérificateur et le nouveau chef de l'éthique et de la conformité, Andreas Pohlmann. Celui-ci travaille étroitement avec le pdg, mais il ne se rapporte pas à lui. Ses comptes, il les rend au CA. Andreas Pohlmann est conseiller spécial du comité éthique et gouvernance du CA. Chaque fois que le conseil se réunit, Polhmann fait une apparition au cours de laquelle le pdg doit se retirer. De plus, Pohlmann rencontre le président du conseil entre les réunions formelles. Chaque unité d'exploitation possède désormais son chef de la conformité. Il y aura aussi des responsables de cet enjeu sur le terrain, dans les pôles régionaux. Là où, loin des yeux, les risques de corruption sont les plus importants.

Lorsqu'il est question d'éthique, Robert Card divise la planète en trois. D'abord, les pays de l'OCDE, «qui sont relativement bien encadrés et exigent un cadre éthique standard.» Ensuite, les pays à suivre de plus près. Puis, ceux qui sont à haut risque, qui appellent un plan sur mesure. Désormais, ce plan doit exister avant même de participer à l'appel d'offres, souligne le pdg. Toute unité d'exploitation qui désire postuler à un projet doit démontrer au siège social qu'elle a tout prévu. «Plutôt que de dire à nos unités, "vous ne pouvez plus faire des affaires au Bangladesh", nous leur disons "voici les règles pour faire des affaires dans ce pays, prouvez-nous que vous arriverez à les suivre"», dit Robert Card.

«Nous savons que, dans certains cas, ils ne pourront pas répondre», ajoute-t-il.

SNC-Lavalin n'a pas l'intention de se retirer des pays à risque. Simplement d'y mettre un pied au lieu des deux. «Si nous réalisons un projet en Irak, par exemple, rien ne nous empêche d'effectuer le gros du travail à Abu Dhabi, puis de livrer le projet presque fini au client, explique-t-il. Réduire le recrutement et l'utilisation de ressources locales dans certains pays diminue notre exposition au risque de corruption.»

Rétablir l'image de l'enteprise vise à décrocher des contrats, bien sûr. Mais aussi à remonter le moral des «survivants», précise le pdg : «Que nos ingénieurs n'aient plus à justifier auprès de leur mère pourquoi ils restent chez SNC-Lavalin».

diane.berard@tc.tc

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