«Sans coup de barre sur le Web, on verra des détaillants disparaître» - Jean-François Ouellet, professeur de marketing à HEC Montréal

Publié le 14/04/2012 à 00:00

«Sans coup de barre sur le Web, on verra des détaillants disparaître» - Jean-François Ouellet, professeur de marketing à HEC Montréal

Publié le 14/04/2012 à 00:00

À l'ère du commerce électronique, les détaillants québécois «ne sont pas dans la game», dites-vous. Pourquoi ?

La majorité des détaillants est effectivement en retard par rapport aux attentes des consommateurs - qui s'attendent à trouver en ligne, rapidement et facilement, les produits qu'ils recherchent - et par rapport au continent nord-américain. Quand on pense que le quart des entreprises n'a même pas de site Web, tandis que les deux tiers des consommateurs utilisent Internet comme l'un de leurs outils de recherche d'informations, sinon l'outil principal, l'heure est grave...

La petitesse du marché est-elle un argument valable pour ne pas investir dans un site transactionnel ?

La question n'est pas là. On n'est plus à se demander s'il vaut la peine d'avoir un site transactionnel ; désormais, il faut se demander combien nous coûte le fait de ne pas en avoir ! Au moindre irritant, les consommateurs délaissent les enseignes québécoises et se tournent sans gêne vers des détaillants étrangers. Quand on ne trouve pas le livre voulu sur le site de Renaud-Bray, on se tourne vers Amazon... ce qui devient rapidement ensuite une habitude. Oui, les Québécois ont été plus lents à adopter le commerce en ligne, mais ils se rattrapent actuellement. Les entreprises n'ont pas la capacité organisationnelle de suivre le rythme.

Qu'arrivera-t-il à ceux qui ne seront pas montés dans le train à temps ?

À l'échelle du continent, nos entreprises sont déjà comme des enfants de 25 kg qui se battent contre des lutteurs sumo de 250 kg. Et nos concurrents nord-américains grossissent et améliorent leurs technologies plus vite que nous. D'ici deux ans environ, les Québécois seront aussi enclins à acheter en ligne que les autres Nord-Américains. Sans un coup de barre maintenant, on verra des détaillants disparaître, en commençant par des libraires et des marchands de musique et de films. Déjà, des clubs vidéo ferment parce que Netflix, entre autres, leur rentre dedans ! En matière de commerce mobile, il se trame des choses aux États-Unis, comme les paiements par téléphones intelligents et le ciblage de clientèle chrono-géo-personnalisé par des entreprises qui ont des années d'avance sur les nôtres. Starbucks, sur ce plan, écrasera probablement nos Café Dépôt et autres Presse Café si rien n'est fait. Ce qui est encore plus préoccupant, c'est que certaines de ces avancées ne menacent pas seulement nos détaillants et nos PME, mais certains des modèles d'entreprises d'institutions aussi importantes chez nous que nos banques ou caisses populaires, ainsi que nos télédiffuseurs et radiodiffuseurs.

CV

Nom : Jean-François Ouellet

Âge : 36 ans

Fonction : Professeur de marketing à HEC Montréal, et expert-animateur à GenerationINC.com

spécialiste du marketing et de l'innovation

Jean-François Ouellet se passionne pour l'entrepreneuriat et la croissance des entreprises d'ici. Il est titulaire d'un MBA de l'Université Laval, d'un doctorat de l'Université de Grenoble et il a effectué des études postdoctorales en gestion de l'innovation au MIT.

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