Mediagrif se dote-t-elle d'un nouveau moteur avec LesPAC ?

Publié le 26/11/2011 à 00:00

Mediagrif se dote-t-elle d'un nouveau moteur avec LesPAC ?

Publié le 26/11/2011 à 00:00

Technologies Interactives Mediagrif (Tor., MDF, 14,15 $) avait promis des acquisitions pour relancer sa croissance. En acquérant le 14 novembre dernier le site d'annonces classées LesPAC, l'exploitant de cybermarchés interentreprises prend une très grosse bouchée.

La transaction de 74,6 millions de dollars équivaut en effet à 38 % de sa valeur boursière. L'entreprise de Longueuil emprunte en outre de 47,5 millions de dollars. De plus, Mediagrif paie un prix assez élevé pour se donner une huitième plateforme de commerce électronique, soit un multiple de 5,7 fois les revenus et de 12,5 fois le bénéfice d'exploitation de LesPAC, prévu en 2012.

«Mediagrif était prête à payer pour obtenir un nouveau moteur de croissance», indique Richard Tse, analyste chez Cormark Valeurs mobilières.

Donner la chance au coureur

Le plan de match du président, Claude Roy, envers LesPAC n'est pas encore bien défini, mais les financiers sont prêts à donner la chance au coureur puisque LesPAC est rentable. De plus, au Groupe informatique Logibec qu'il a dirigé, M. Roy a notamment réalisé 13 acquisitions de 1996 à 2010. L'an dernier, le régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario (OMERS) a acquis Logibec, procurant à ses actionnaires un rendement de 620 %, de 2003 à 2010.

«Claude Roy, le président, cherchait une entreprise bien implantée, dotée d'un bon modèle d'affaires et dégageant de bonnes marges, à l'aide d'une base d'actif modeste. Il l'a trouvé en LesPAC», explique Christian Godin, gestionnaire de portefeuille chez Montrusco Bolton, dont les fonds détiennent 9 % de Mediagrif.

Les analystes estiment la marge d'exploitation de LesPAC à environ 50 à 60 %, tandis que celle de Mediagrif a été d'environ 31 % au cours des 12 derniers mois.

«Le prix payé n'est pas si cher à première vue, puisque LesPAC peut faire passer le bénéfice d'exploitation de Mediagrif de 15 millions, en 2010, à plus de 25 millions de dollars, en 2013», estime Christine Décarie, gestionnaire de portefeuille au Groupe Investors.

Par ailleurs, M. Godin ne s'inquiète pas de l'endettement accru, puisque Mediagrif dégage de bons flux de trésorerie. «Ils pourront rembourser leur dette d'ici deux ou trois ans», dit-il.

LesPAC devra passer le test des revenus

«Mediagrif utilise le levier des faibles taux d'intérêt pour acheter une entreprise rentable. Ses liquidités de 33 millions de dollars lui rapportaient bien peu. LesPAC a un beau modèle et une marque de valeur. Le défi sera plutôt de relancer sa croissance», explique Marc L'Écuyer, gestionnaire de portefeuille chez Cote 100.

À l'intérieur du groupe d'annuaires Yellow Media, «LesPAC était devenue quelque peu négligée», dit Alexander Grassino, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Le potentiel consistera donc à rafraîchir son positionnement et à renouveler son offre afin de tirer profit de ses 1,8 million de visiteurs uniques par mois et de sa communauté de 780 000 utilisateurs, indique Sara Kim, analyste chez GMP Valeurs mobilières.

LesPAC pourrait notamment offrir de nouvelles rubriques «écolos» ou «produits du Québec», pour attirer des internautes et des annonceurs, donne en exemple Mme Décarie.

«En priorité, M. Roy entend s'assurer que LesPAC soit mieux référencée dans les moteurs de recherche», précise M. Godin.

D'autres possibilités de ventes croisées sont aussi envisageables. Les membres de sa plateforme transactionnelle Global Wine and Spirits, reliant les grossistes de vins et de spiritueux, pourraient par exemple offrir des vins aux consommateurs.

La transaction a déjà fait bondir l'action de Mediagrif de 5 % depuis le 14 novembre. Son potentiel d'appréciation dépendra de sa capacité à faire croître les revenus de LesPAC, qui plafonnent après plusieurs années de croissance rapide.

MEDIAGRIF EN CHIFFRES...

Ratio cours/bénéfice : 18,4

Cours cible moyen de cinq analystes : 15 $

Source : Bloomberg

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