Lévis, la force dans l'ombre

Publié le 25/02/2012 à 00:00

Lévis, la force dans l'ombre

Publié le 25/02/2012 à 00:00

Derrière le succès économique de la région métropolitaine de Québec se cache une vitalité encore plus forte, celle de Lévis. En fait, si Québec se hisse parmi les championnes de l'emploi du pays, c'est en partie grâce à sa voisine de la rive sud, qui profite peu des investissements publics, mais qui se développe rapidement grâce à la coopération et au dynamisme des entreprises privées.

«Lévis tire la région métropolitaine de Québec vers le haut», remarque le directeur du développement de la Ville de Lévis, Philippe Meurant.

Le taux de chômage dans la région métropolitaine de Québec en 2011 était de 5,3 %, tandis qu'il était de 4,8 % dans Chaudière-Appalaches, région dont le tiers de la population vit à Lévis. Les données du recensement de 2011 pour la ville de Lévis elle-même ne sont pas encore disponibles. En 2006 toutefois, elle affichait un taux de chômage de 3,7 %, comparativement à 5 % pour la ville de Québec.

Croissance de la population

Bon an mal an, 1 500 travailleurs s'ajoutent à la population lévisienne, laquelle augmente plus vite que celle de la capitale : croissance de 6,7 % entre 2006 et 2011 par rapport à 5,2 % de l'autre côté du fleuve.

Cette hausse démographique a provoqué un record quant aux permis de construire l'an dernier, soit 423 millions de dollars (M$). Elle crée aussi de nombreux besoins en matière de services à la population. Les axes de circulation sont limités, les bouchons épaississent et Lévis envisage pour 500 M$ de projets routiers. Et c'est sans compter les millions à investir dans le transport collectif, encore rudimentaire dans une ville peu densifiée qui s'étend sur 444 km2.

Trop peu de subventions

«C'est long et difficile d'aller chercher certaines enveloppes. On doit faire avancer un ou deux projets à la fois, pas cinq, huit ou dix», souligne le chef de cabinet de la mairesse de Lévis, Alain Blanchette, faisant allusion à l'abondance de demandes émanant de la ville-centre.

Québec a obtenu 200 M$ du provincial pour un amphithéâtre destiné à une potentielle équipe de la LNH, tandis que Lévis attend depuis des années une aide pour bâtir un complexe aquatique de 20 M$ dans un arrondissement peuplé de jeunes familles et où il n'y a aucune piscine. Des 1,4 milliard de dollars d'investissements prévus à Lévis au cours des trois prochaines années, seulement 20 % proviendront des fonds publics.

Devant la rareté des subventions, Lévis s'allie au secteur privé pour assurer son développement. Par exemple, la Ville n'a payé que le dixième de la facture de 7 M$ pour la construction de son stade de soccer intérieur. Parmi les partenaires privés figurent Honco, Desjardins, Matelas Dauphin, Pepsi et Ameublement Tanguay. Lévis s'est aussi associée à des entreprises privées, dont Desjardins et Ultramar, pour financer les études de faisabilité d'un centre des congrès autour duquel pousse tout un quartier, baptisé Misceo. Au moment des fusions municipales en 2002, la nouvelle ville ne possédait aucun lieu de rassemblement sauf des arénas.

«Le centre des congrès est notre première grande réussite. Douze mois après son ouverture, la capacité hôtelière de la ville a doublé, alors que tout était en train de fermer avant. Maintenant, on dispose de 1 000 chambres, et 1 500 places de restaurant ont vu le jour depuis l'annonce du centre. On avait une vision de partenariat public-privé pour réaliser ce lotissement, et ça donne des résultats», se réjouit M. Meurant, ajoutant que plusieurs villes viennent s'enquérir de la recette lévisienne, dont Thetford Mines et Sherbrooke.

Manufacturière et savante

Outre la coopération ville-entreprises, c'est la diversification économique qui permet à Lévis de réussir.

«Le secteur manufacturier s'est adapté aux crises, remarque l'économiste Louis Gagnon, de Québec International. On a compris à Lévis que le manufacturier traditionnel ne résisterait pas, mais que la valeur ajoutée serait rentable.»

De fait, à côté des Ultramar et Desjardins, on voit prospérer des entreprises du secteur du métal, du plastique, du bois d'oeuvre et de la transformation alimentaire.

Quarante et un pour cent des emplois lévisiens se trouvent aujourd'hui dans des secteurs de savoir moyen à élevé (secteurs de pointe ou secteurs de production en série employant un faible taux de main-d'oeuvre) ; une hausse de 7 % en 15 ans. Le revenu disponible par habitant a augmenté de 14 % de 2006 à 2010 (28 601 $), et une population plus riche stimule le commerce de détail.

Prochaine étape : l'Innoparc, une extension du Parc technologique métropolitain de Québec, qui est presque plein. L'octroi tardif des subventions au développement a retardé les premières mises en chantier, finalement attendues cet automne. Le potentiel de création d'emplois, en 2012-2013, est de 1 200. Lévis vise les créneaux de la robotique et de l'efficacité énergétique.

Population en 2011

Québec 516 622

Lévis 138 769

Source : Statistique Canada

Croissance annuelle moyenne du nombre de travailleurs depuis cinq ans

Québec 2 300

Lévis 1 500

Source : Institut de la statistique du Québec

Revenu disponible par habitant à Lévis

28 601 $ (en hausse de 14 % de 2006 à 2010)

Moyenne au Québec 25 374 $

Sources : Institut de la statistique du Québec, Québec International

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