Les modèles hybrides ont la cote en information sur le Web

Publié le 17/04/2010 à 00:00

Les modèles hybrides ont la cote en information sur le Web

Publié le 17/04/2010 à 00:00

Les modèles d'entreprises sur le Web changent aussi souvent que l'actrice Lindsay Lohan largue ses compagnons, écrivait récemment une des blogueuses les plus influentes, l'Américaine Arianna Huffington, fondatrice du Huffington Post, un site de nouvelles au succès éclatant qui commence à peine à faire des profits, cinq ans après sa naissance.

Les allers-retours entre les contenus gratuits et payants sur le Web sont fréquents, comme en font foi les expériences du New York Times ou du Wall Street Journal. Toutefois, deux modèles commencent à s'imposer, indique un récent sondage réalisé aux États-Unis par la firme Accenture auprès de 102 fournisseurs de contenus médias, dont les quotidiens : le modèle freemium (contraction de free, gratuit, et premium, payant), qui combine certains contenus gratuits et d'autres payants. Et le modèle hybride, fondé à la fois sur du contenu gratuit et des abonnements, ainsi que sur des revenus publicitaires.

Une chose est sûre, l'ère du tout gratuit tire à sa fin. " Merci à Rupert Murdoch pour cela ", dit Patrick Pierra, président, contenus, de BV! Media, une entreprise qui se spécialise dans la publicité et les contenus Web. Comme plusieurs autres experts, il estime que le modèle de gratuité totale n'est pas viable. " Faire payer n'est plus un choix, mais une obligation. "

Le rappel à la réalité est en effet venu de Rupert Murdoch, propriétaire de l'empire médiatique News Corp : dès mai, les sites (complètement refondus) du Times de Londres et du Sunday Times deviendront payants, vraisemblablement sous forme hybride, avec un peu de contenu gratuit et le reste par abonnement. Le Sun et le News of the World suivront.

Le rédacteur en chef du Times, James Harding, privilégie la formule de l'abonnement plutôt que celle du paiement à l'article, en vogue aussi, car il craint " devoir écrire beaucoup plus sur Britney Spears et beaucoup moins sur les Tamouls du Sri Lanka ", a-t-il indiqué au Huffington Post. Il s'est par ailleurs dit conscient que le site Web connaîtrait une baisse d'achalandage. Moins pourtant, que s'il devenait tout payant, une formule peu considérée par les médias, car elle n'est pas viable non plus, dit Daniel Giroux, secrétaire général du Centre d'études sur les médias de l'Université Laval. " Les médias doivent publier du contenu gratuit en ligne. C'est une vitrine pour l'ensemble de leur contenu. " Cela dit, séparer les articles gratuits de ceux payants peut être un exercice complexe, poursuit M. Giroux.

Payer pour du contenu à valeur ajoutée

Reste à voir quels sont les contenus pour lesquels les internautes voudront payer, et ceux pour lesquels ils ne paieront pas. " Ils paieront pour un contenu exclusif, distinct, auquel ils attribueront une valeur, dit Patrick Pierra. Cette valeur peut être factuelle [de l'information financière, par exemple], ou émotive [des chroniqueurs qu'on suit]. "

Ce contenu à haute valeur ajoutée, que produisent par exemple des firmes spécialisées et vendu à prix d'or, est rare dans la presse généraliste, dit Philippe Le Roux, président de l'agence Phéromone. " On y retrouve davantage des nouvelles diffusées partout ailleurs. Or, il est impensable aujourd'hui de vouloir faire payer pour le compte-rendu de la conférence de presse de Jean Charest ou de toute autre nouvelle diffusée partout sur le Web ", dit-il.

Patrick Pierra est plus nuancé : " La frontière n'est pas claire. Je crois qu'il sera toujours possible de faire payer pour de la nouvelle si elle est écrite autrement et apporte un point de vue différent. "

La clé réside dans un savant dosage, estime Philippe Le Roux. Le site du quotidien Le Devoir, sur lequel il a travaillé de 2001 à l'an dernier, en est un bon exemple. Depuis ses débuts, en 1997, jusqu'à 2001, 25 % du contenu du journal se retrouvait sur la Toile gratuitement. Après cette date, 100 % du contenu du quotidien a été mis en ligne, et seul le tiers est gratuit.

" À la suite d'une période d'essais-erreurs ", dit M. Le Roux, ce qui est accessible aux non-abonnés diffère d'une journée à l'autre. " On met un peu de tout. " Ainsi, la chronique de Jean Dion peut être gratuite un jour, et payante le lendemain.

" Lorsque toutes les chroniques étaient réservées aux abonnés, nous avons constaté une baisse de l'achalandage, dit Philippe Le Roux. Nous avons travaillé pour que les articles soient bien indexés sur Google. Des gens venus sur le site un peu par hasard y trouvent de l'intérêt et constatent que Le Devoir n'est pas le journal austère qu'ils pensaient. C'est mieux qu'une grande campagne de pub. "

Quoi qu'il en soit, les quotidiens et les magazines s'engagent dans une période d'expériences, dit Patrick Pierra. Une de plus, dans un secteur qui a pourtant déjà plus de 15 ans. " Au moins, nous reconnaissons que le contenu a un coût et un prix. C'est déjà cela. Maintenant, j'ai hâte qu'il y ait des contenus sur le Web qui rapportent enfin. Cela sera bon pour tout le monde. "

martine.turenne@transcontinental.ca

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