Le nouveau bébé de Pascal Pilon

Publié le 14/09/2013 à 00:00, mis à jour le 18/09/2013 à 08:57

Le nouveau bébé de Pascal Pilon

Publié le 14/09/2013 à 00:00, mis à jour le 18/09/2013 à 08:57

Pascal Pilon [Photo : Gilles Delisle]

Depuis mai, Pascal Pilon est l'heureux pdg de Mixgenius, une entreprise en démarrage dont le logiciel accomplit une bonne part du travail d'un ingénieur du son en un seul clic. L'aventure d'Averna est bel et bien finie pour lui. En désaccord avec ses coactionnaires quant à l'avenir et après avoir essayé sans succès de racheter les activités logiciels de la techno, l'entrepreneur de 42 ans a «complètement tourné la page».

Pascal Pilon aurait pu atterrir à peu près n'importe où. Entrepreneur de l'année Arista en 2005, PDG de l'année SGF en 2009, Entrepreneur de l'année Ernst & Young pour le Québec en 2009, Canada's Top 40 under 40, Palmarès Technologie Fast 50 de Deloitte au Canada et Fast 500 en Amérique du Nord... l'ingénieur en informatique et MBA a une feuille de route et un carnet d'adresses pour le moins garnis.

Pourtant, ce n'est pas dans une tour du centre-ville qu'il accueille Les Affaires, mais bien dans les bureaux tout neufs d'une start-up du Mile-End. La vue y est spectaculaire, mais surtout «il y a de la place pour grossir !»

Ce n'est pas un hasard : Pascal Pilon voit grand pour Mixgenius. «À très long terme, Mixgenius pourrait toucher à chaque chanson qui est écoutée où que ce soit.»

L'ensemble d'algorithmes que la douzaine d'employés est à peaufiner permet, en un seul clic de souris, de nettoyer et de calibrer des pièces musicales. «Le résultat est très léché, équivalant à celui d'un album. Ça élimine le besoin d'un ingénieur du son et d'un producteur [souvent nécessaire pour payer l'ingénieur du son]», dit celui qui, à défaut de jouer d'un instrument de musique, achète deux ou trois albums par semaine «depuis toujours». La technologie a été développée pendant sept ans par une douzaine de chercheurs de l'université Queen Mary, à Londres, et transférée à Montréal par l'incubateur TandemLaunch l'an dernier.

Lorsqu'il a quitté officiellement Averna en février, après s'être retiré quelques mois pour négocier un rachat partiel (un épisode sur lequel il ne veut pas revenir), Pascal Pilon a exploré plusieurs pistes pour la suite de sa carrière.

Il aurait aimé devenir pdg d'une entreprise de taille moyenne, mais l'entrepreneur a vite déchanté. «C'est rare qu'un poste comme ça s'ouvre au Québec. En fait, il n'y en a pas !» Les technos québécoises sont soit très petites, soit très grandes, dit-il. «Les entreprises intermédiaires ont souvent été vendues.»

Rester capitaine

M. Pilon a aussi considéré la possibilité de devenir chef des technologies ou chef des finances d'une grande entreprise. Grâce à son réseau, ça aurait pu se régler assez rapidement. «L'idée me plaisait plus ou moins. Je suis capitaine depuis 13 ans et j'aime le contrôle que ça donne. La diversité, aussi, est vraiment attrayante : être impliqué dans les décisions de développement de produits, de marketing, de finances et de ressources humaines, c'est un privilège.»

Finalement, l'entrepreneur a opté pour une troisième voie : créer une société d'investissement. Par son entremise, il prendra des participations dans des entreprises liées aux technologies et pour lesquelles il agira comme président du conseil exécutif ou pdg à temps partiel. Il a rencontré une trentaine d'entrepreneurs, avec qui il est parfois «tombé en amour». «Ils sont allumés !» En plus de Mixgenius, M. Pilon négocie présentement avec une deuxième entreprise, dont il préfère pour le moment taire le nom.

Plusieurs applications possibles

Quand Helge Seetzen, pdg de TandemLaunch, lui a présenté Mixgenius, Pascal Pilon a été séduit par le potentiel de la technologie. «Les musiciens amateurs comme professionnels auront un enregistrement de grande qualité chaque fois qu'ils le souhaiteront.» Ils n'auront plus besoin d'aller en studio pour conserver un souvenir ou partager des compositions avec les fans. Ils pourront même diffuser un spectacle dès les dernières notes évanouies, puisque la technologie fonctionne en direct.

M. Pilon croit que même les ingénieurs du son utiliseront Mixgenius pour gagner en efficacité dans une première partie de leur travail. Comme la technologie consiste à optimiser la combinaison de plusieurs pistes sonores en une seule, le pdg entrevoit également des applications dans le cinéma, l'audio (maison, voiture, téléconférences, etc.), les jeux vidéo et la publicité.

Réunir 25 actionnaires

Après avoir commandé une vérification diligente technologique «approfondie» et négocié une évaluation «très raisonnable» de 5 millions de dollars, Pascal Pilon est parti à la chasse aux investisseurs. «On a eu tellement de succès qu'on a refusé environ la moitié des offres», dit-il, ajoutant avoir choisi les investisseurs qui contribueraient le plus au conseil d'administration et qui comprendraient le risque. «C'est important de bien gérer les attentes des actionnaires quand il y a autant d'aspects spéculatifs», dit-il.

Mixgenius compte maintenant 25 actionnaires : TandemLaunch (21 %), Pascal Pilon (16 %), l'université Queen Mary (16 %), Real Ventures, Hamnett Hill (pdg de Radialpoint), 18 membres d'Anges Québec et quelques amis de M. Pilon.

Un produit grand public dès septembre 2014

Si tout va comme prévu, le logiciel de Mixgenius sera fin prêt au début de 2014. «Mais nous sommes déjà en discussion avec des multinationales pour des ententes de licences», assure M. Pilon. L'entreprise pourrait également commercialiser directement son produit.

«Il y a tellement de possibilités, que je vais consacrer les 12 prochains mois à lever chaque roche et regarder ce qui amènera le plus de vélocité à l'entreprise et de valeur à la technologie.»

Peu importe le modèle retenu, Mixgenius vise à offrir un produit grand public dès septembre 2014. Ce que rapportera cet «engin de classe mondiale capable de performer aussi bien que 95 % des ingénieurs du son de la planète» est bien difficile à dire pour le moment. «La fourchette est tellement large que c'est le genre de choses que tu ne dis pas», dit fermement M. Pilon. À voir son sourire, ses projections ont plusieurs zéros...

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