La sédentarité, un danger physique et économique

Publié le 23/02/2013 à 00:00

La sédentarité, un danger physique et économique

Publié le 23/02/2013 à 00:00

Albert Falardeau : «Quel est l'impact économique de l'éclosion des maladies liées à la sédentarité ?»

L'économie du savoir, c'est celle qui fait courir tous les pays développés. Mais c'est aussi celle qui garde assis tous les travailleurs de ces pays. Or, la sédentarité est une menace invisible pour la santé physique, dont les conséquences économiques deviennent préoccupantes.

«Si on ne fait pas davantage de prévention, il y aura un impact énorme sur notre économie, parce que nous ne pourrons pas soutenir les coûts du système de santé», entrevoit le professeur Ian Janssen, du Département de santé communautaire et d'épidémiologie de l'Université Queen's à Toronto.

Le prix de l'inactivité

Une étude qu'il a produite en 2012 démontre que l'inactivité physique coûte au bas mot 6,8 milliards de dollars aux Canadiens annuellement, soit 3,7 % de tous les coûts de santé. La facture liée au traitement des maladies chroniques découlant de la sédentarité (cancer du côlon, hypertension, maladies cardiovasculaires, ostéoporose, diabète de type 2, notamment) grimpait à 2,4 G$ en 2009. Les coûts indirects, relativement à la baisse de productivité causée par les maladies, se chiffrent à 4,3 G$.

Le bilan se dégrade au fil des ans, car en 2001, l'inactivité coûtait au total 5,3 G$, ce qui représentait 2,6 % des coûts de santé au pays.

«On pourrait épargner des sommes faramineuses à long terme si on investissait davantage dans la prévention, croit le professeur Janssen. Mais il faut de 15 à 20 ans pour changer les habitudes et obtenir des résultats, ce qui rend la chose peu attrayante aux yeux des politiciens.»

L'Ontario a déjà eu un ministère de la Prévention en santé, qui recevait 1 % du budget global du ministère de la Santé.

«C'était vraiment trop peu ! La Colombie-Britannique évolue vers un ratio de 5 % et le Québec n'est sans doute pas très loin derrière. L'Ontario se situait dans la zone du milieu, mais enfin, il n'y a plus de ministère de la Prévention depuis deux ans», se désole le chercheur.

Urgence d'agir

Pour lui, il y a urgence d'agir, car les données les plus récentes sur la sédentarité sont «décourageantes». Depuis trois ou quatre ans, les chercheurs peuvent compter sur un dispositif électronique permettant de mesurer l'activité physique réelle des individus, alors qu'auparavant, il fallait se fier à leur perception des choses.

Les nouvelles données démontrent que seulement 15 % des adultes canadiens font les 150 minutes hebdomadaires d'activité physique modérée recommandées. Chez les jeunes, seulement 7 % s'exercent pendant les 60 minutes quotidiennes recommandées.

«Dans les faits, les gens augmentent un peu le temps passé à faire de l'exercice, mais comme de plus en plus de gens font du travail de bureau, ça ne permet pas de compenser. De plus, il y a de moins en moins de transports actifs», remarque M. Janssen.

En plus de causer des maladies chroniques, la sédentarité a un lien direct avec l'obésité. Selon une étude de l'Agence de santé publique du Canada datant de 2011, le taux d'obésité a doublé au pays depuis les années 1980. Désormais, un adulte sur quatre est obèse. Chez les enfants de 6 à 17 ans, le nombre a triplé pour atteindre 1 sur 11.

Les gouvernements doivent agir, croit M. Janssen, mais les entreprises ont aussi beaucoup à gagner en encourageant leurs employés à bouger. L'Organisation internationale du travail calcule que le risque d'absentéisme des travailleurs obèses est deux fois plus élevé que celui des travailleurs ayant un poids santé.

Proposer des horaires flexibles ou une pause-dîner allongée peut aider les employés à prendre leur santé en main. Il existe aussi des walking desks, des bureaux munis d'un exerciseur, mais comme ils se vendent plus de 4 000 $, certains employeurs préférent investir dans des centres d'activité physique en milieu de travail.

Diverses études nord-américaines ont établi que le rendement de l'investissement pour les entreprises peut être jusqu'à quatre fois plus élevé en raison de la diminution de l'absentéisme, des cotisations aux régimes d'assurance collective et du roulement de personnel.

«Certains gestionnaires ne voient même pas la nécessité de calculer les avantages en dollars, parce qu'ils constatent que ceux qui s'entraînent sont moins malades et que le climat de travail est meilleur», remarque Pierre Audet, président d'Olympe, une entreprise spécialisée dans la santé au travail.

Les mauvaises langues diront que s'entraîner peut causer des blessures qui coûtent cher au système de santé et aux employeurs. Ian Janssen réfute ces arguments.

«Les maladies chroniques coûtent beaucoup plus cher que les blessures causées par l'activité physique. Ne nous leurrons pas, car la majorité des gens ne font que marcher pour se tenir en forme. Il faut savoir aussi que les plus grands bénéfices pour la santé viennent de l'activité physique modérée», conclut Pierre Audet.

SON COMMENTAIRE

Il est important de lire, de s'instruire, mais il est encore plus important d'être en santé, afin de profiter le plus longuement possible de notre savoir acquis. Coubertin disait : «Un esprit sain dans un corps sain». La société n'a pas qu'à former une élite, elle a le devoir et la responsabilité de former une société en santé avant tout : c'est notre bien le plus précieux.

Les milliards évoqués par M. Janssen ne sont que la pointe de l'iceberg. Nous cherchons par tous les moyens à diminuer les coûts de santé. Voilà une piste de solution qui est plus qu'attrayante. Au-delà des montants épargnés, nous y gagnerons aussi en productivité. Les avantages se calculeront pour la société en dollars, certes, mais seront avant tout d'avoir une société plus saine.

Pour moi, la réponse ne peut venir que des gouvernements, qui ne sont que le reflet de la société, mais elle se trouve en chacun de nous, y compris à même les dirigeants d'entreprises, et ce, par notre responsabilisation sociale.

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