La ruée vers le graphite continue

Publié le 19/10/2013 à 00:00, mis à jour le 17/10/2013 à 09:48

La ruée vers le graphite continue

Publié le 19/10/2013 à 00:00, mis à jour le 17/10/2013 à 09:48

La chute du prix du graphique pourrait-elle compromettre l'entrée en production de mines québécoises ? Non, répondent les entreprises d'exploration.

En moins d'un an, le prix du graphite a chuté de près de 50 %. «Il oscille actuellement entre 1 000 et 1 800 $ la tonne. L'an dernier, il a, dans certains cas, atteint jusqu'à 3 000 $», dit Benoît Gascon, fondateur et président de Mason Graphite.

L'entreprise explore actuellement un site de graphite de la Côte-Nord, le gisement du lac Guéret, non loin de la centrale Manic-5. Elle compte exécuter ses études de faisabilité en 2014 afin d'entrer en exploitation dès 2015.

L'entreprise estime sa capacité de production annuelle à 50 000 tonnes de graphite purifié à 96 %. Le coût de production est «très bas» en raison de la concentration du graphite, qui atteint déjà 27 %. «Il est de 400 $ la tonne», souligne-t-il.

Son de cloche similaire de la part de Don Baxter, président et chef des opérations chez Focus Graphite, une entreprise ontarienne propriétaire du gisement du lac Knife près de Fermont. «Le prix du graphite est bas, c'est vrai. Mais il ne devrait pas descendre davantage», dit-il avec optimisme.

Montagnes russes

L'entreprise qui a mis la main sur le site du lac Knife en 2010 estime le potentiel de son site à près de huit millions de tonnes. L'étude de faisabilité devrait être terminée au cours de l'été 2014. «D'une façon réaliste, nous ne serons pas en production avant 2015», dit-il.

En fait, les entreprises du secteur sont habituées aux montagnes russes des prix. Au cours des années 1990, le prix ne cessait de chuter. «À un moment, il était à plus ou moins 600 $ la tonne», rappelle Benoît Gascon. À partir du tournant du siècle, le prix a peu à peu augmenté. Au tournant de la décennie, il a doublé.

Perspective d'avenir

«C'est que le graphite est aujourd'hui indispensable», souligne Benoît Gascon. La croissance des pays en développement alimente la demande des secteurs traditionnels que sont la sidérurgie et l'industrie automobile. Celle-ci augmente chaque année d'environ «2 à 5 %» par année, note pour sa part Don Baxter.

À cela s'ajoutent de nouveaux marchés. Le développement des technologies dans l'industrie des automobiles électriques, dont les batteries Li-ion et les piles à combustible, devrait ainsi faire gonfler la demande au cours des prochaines années. «L'utilisation de piles augmente également en raison de l'utilisation d'appareils comme les téléphones intelligents et les tablettes électroniques», indique-t-il.

Les nouvelles générations de petits réacteurs nucléaires - ce qu'on appelle en anglais les pebble-bed nuclear reactor (PBNR) - requièrent aussi du graphite. On estime à environ 300 tonnes de graphite pour démarrer chaque PBNR ainsi que de 60 à 100 tonnes par an de graphite pour fonctionner.

La place du Québec

À ce jour, c'est la Chine qui tire les ficelles de l'industrie. L'empire du Milieu totalise 70 % de la production mondiale de graphite. Sa plus proche rivale, l'Inde, suit loin derrière avec 12 % de la production. Le reste de la production se divise entre le Brésil, la Corée du Nord, le Sri Lanka, le Mexique et le Canada.

Toutefois, afin d'assurer son propre développement, le gouvernement chinois a récemment déployé des mesures protectionnistes en réglementant l'exportation de graphite. Une taxe de 20 % a été additionnée à une taxe sur la valeur ajoutée de 17 %. Résultat : les grands consommateurs comme les États-Unis et l'Europe tentent de s'approvisionner ailleurs, ce qui pourrait favoriser la production québécoise.

Dans un document publié sur son site Internet, Focus Graphite souligne que les États-Unis sont préoccupés par leur dépendance à l'égard de la Chine. «Les États-Unis se pencheront sur les vulnérabilités en terres rares et en graphite pour les industries d'importance stratégique, pour la sécurité nationale et la défense intérieure.»

Selon Don Baxter, le Québec est bien positionné pour répondre à la demande états-unienne et européenne. «Nous comptons purifier le graphite de notre site du lac Knife sur place et l'acheminer à Sept-Îles, par train. De là, nous pouvons l'envoyer vers les États-Unis ou l'Europe, par bateau.»

La baisse du prix n'a rien d'alarmant, croit pour sa part Benoît Gascon, qui dit miser sur une valeur sûre : «Le graphite à des propriétés uniques ; c'est un matériau non toxique, conducteur qui est très résistant.»

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