La Coop fédérée mise sur les biocarburants et l'agroénergie

Publié le 29/11/2008 à 00:00

La Coop fédérée mise sur les biocarburants et l'agroénergie

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Les agriculteurs voient la protection de l'environnement d'un nouvel oeil, explique Claude Lafleur, chef de la direction de La Coop fédérée.

Journal Les Affaires - Dernièrement, la Coop faisait du rattrapage environnemental. Êtes-vous maintenant plus proactifs ?

C.L. - Du milieu des années 1980 jusqu'en 2004 environ, nous avons apporté plusieurs modifications pour nous conformer aux normes environnementales. Nous avons investi énormément d'argent et de ressources pour y arriver. Entre autres mesures, nous avons embauché une quarantaine d'experts-conseils en agroenvironnement pour soutenir les coopératives locales et leurs 30 000 producteurs dans la gestion environnementale des fermes. Nous avons aussi instauré un système de gestion environnementale inspiré de la norme ISO 14001, mis en place des plans de mesures d'urgence, donné de la formation, etc. Pour les agriculteurs, l'environnement a longtemps été une contrainte plutôt qu'un avantage. Maintenant, le vent tourne. À La Coop fédérée, nous avons plusieurs projets qui non seulement sont bons pour l'environnement, mais qui peuvent nous apporter un avantage concurrentiel.

JLA - L'agroénergie est-elle dans votre mire ?

C.L. - Nous avons créé récemment le Service innovation et croissance afin d'acquérir et de développer de nouvelles technologies. L'accent sera mis sur la production de biocarburants, la méthanisation des lisiers et le développement de technologies utilisant la biomasse agricole. Par exemple, nous travaillons avec l'organisme Resource Efficient Agricultural Production à un projet de production d'énergie à partir de saule et de panic érigé, des plantes bien adaptées à l'agriculture nordique, qui poussent rapidement et exigent peu d'engrais et pas d'herbicides. Réduites en granules, elles peuvent être brûlées afin de chauffer les poulaillers, les couvoirs, les usines... Et c'est de l'énergie propre ! Nous prévoyons commencer à fabriquer des granules en 2010.

JLA - Cette initiative pourrait-elle vous mener à la production d'éthanol ?

C.L. - Avec les granules, il sera en effet possible de fabriquer de l'éthanol cellulosique. C'est d'ailleurs dans nos plans. L'éthanol cellulosique est tiré du chanvre industriel, de copeaux de bois ou encore de plantes telles que le panic érigé. Son ratio énergétique est meilleur que celui de l'éthanol-maïs, car sa fabrication nécessite moins d'énergie. La technologie n'est pas encore au point et demeure coûteuse, mais nous sommes en train de nous positionner dans ce marché. Ce sera un débouché intéressant pour nos membres.

JLA - Votre bannière Sonic n'en est pas à ses premières armes en matière de biocarburants...

C.L. - Elle vend, depuis 1994, de l'essence-éthanol fabriquée au Brésil à partir de canne à sucre; elle a été la pionnière au Québec. Sonic distribue aussi du biodiésel. Une de nos coopératives, la Coopérative agricole des Bois-Francs, fabrique ce biocarburant en recyclant de l'huile à frites.

JLA - Et qu'en est-il de votre projet de méthanisation ?

C.L. - Un projet pilote sera mis sur pied l'an prochain à Saint-Hyacinthe. Nous voulons produire du méthane avec le lisier de porc. Le méthane sert de combustible pour alimenter un cogénérateur. Nous nous servirons de cette énergie pour chauffer nos usines, nos couvoirs et nos poulaillers. Le grand avantage de ce projet, c'est que nous pourrons valoriser le lisier. On règle donc le problème de l'odeur qui incommode le voisinage tout en produisant de l'énergie. La méthanisation génère aussi une sorte de compost inodore et dont le potentiel fertilisant est intéressant. Nous aurions aimé convertir cette énergie en électricité et revendre nos surplus. Malheureusement, cette opération ne serait pas rentable, compte tenu du faible coût de l'électricité au Québec. C'est un obstacle à l'implantation de la méthanisation en région éloignée. S'il y a une centrale à proximité, on peut utiliser l'énergie pour chauffer des installations. Mais quand il n'y a pas d'usine, que faire avec l'énergie si son prix n'est pas compétitif ?

JLA - Ainsi, s'il n'en tient qu'à La Coop fédérée, l'environnement ne sera plus synonyme de contrainte pour les agriculteurs, n'est-ce pas ?

C.L. - Désormais, le respect de l'environnement doit être perçu non pas comme une contrainte, mais comme une occasion de mieux utiliser nos ressources. Peut-on concilier la rentabilité avec une forte préoccupation pour l'environnement ? Peut-on être respectueux de l'environnement et s'en servir pour améliorer notre rentabilité ? C'est là le défi et l'avenir des agriculteurs.

dossiers@transcontinental.ca

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