Si on ajoute les matières générées par la rénovation et la démolition de bâtiments aux déchets de démolition d'infrastructures routières ou de travaux de génie civil, on arrive à une masse impressionnante. Plus de quatre millions de tonnes rien qu'en 2006. Bonne nouvelle, plus de 65 % de ces déchets sont récupérés au Québec, ce qui dépasse l'objectif de la Politique québécoise sur la gestion des matières résiduelles, qui est de 60 %.
Du béton recyclé
À eux seuls, le béton, l'asphalte, la pierre et la brique représentent 78 % de tous les matériaux de construction, rénovation et démolition (CRD) récupérés au Québec. Une fois concassé, le béton peut servir à la construction de nouvelles infrastructures ou être retourné dans les carrières. " On a toutefois de la difficulté à le valoriser en totalité en ce moment, car les donneurs d'ouvrage sont réticents à utiliser du béton recyclé ", affirme Sébastien Richer, président du Regroupement des récupérateurs et des recycleurs de matériaux de construction et de démolition du Québec (3RM-CDQ) et pdg de Gestion Ressources Richer, une entreprise de récupération. " Ils préfèrent encore utiliser de la matière première vierge. "
La redevance de 10 $ imposée depuis deux ans sur chaque tonne métrique de déchets enfouis (qui s'ajoute aux 40 $ la tonne déjà demandés aux transporteurs) a également donné un coup de pouce au recyclage de ces matières. De nouveaux centres de tri se sont ajoutés, notamment dans les régions de Québec et en Estrie, tandis que d'autres ont intensifié leurs activités, précise M. Richer.
Populaire, le bois recyclé
Certaines matières, comme le bois, sont aussi devenues plus attrayantes. Aussi, les résidus de bois (palettes, sciure, copeaux) sont davantage valorisés, indique Recyc-Québec.
Selon l'organisme, 235 000 tonnes de bois et de palettes de bois ont été récupérées et valorisées en 2006, dernière année pour laquelle il dispose de données. Ce bois est recyclé grâce au travail des récupérateurs comme Théolis Transport qui le ramasse dans les grands chantiers de construction du secteur ICI (industrie, commerce et institutions).
Dans le cas de la sciure et des copeaux, la hausse est impressionnante : entre 2004 et 2006, le nombre de tonnes récupérées est passé de 21 000 à 386 000, soit une hausse de plus de 1 700 %. Selon Recyc-Québec, ce regain d'intérêt pour le recyclage du bois découle en partie des restrictions imposées par Québec en matière de coupes, ce qui a accru la demande.
Le bois recyclé sert à faire du compost ou est utilisé comme combustible dans les cimenteries. Il sert aussi à fabriquer des panneaux à particules. C'est l'usage qu'en fait le fabricant Tafisa, à Lac-Mégantic. Une quantité moins importante est réutilisée dans des travaux de construction par le réseau des écocentres.
Protéger les cours d'eau
Une autre décision du gouvernement devrait faire augmenter la récupération des résidus de construction, de rénovation et de démolition. En janvier 2009, les lieux d'enfouissement de débris de construction situés près d'un cours d'eau ou au-dessus d'une nappe phréatique devront fermer en vertu du Règlement sur l'enfouissement et l'incinération de matières résiduelles (REIMR). Par ailleurs, ce dernier interdit déjà la création de sites d'enfouissement de débris de construction ou de démolition depuis janvier 2006.
Enfin, la popularité croissante des certifications vertes accroît les activités des récupérateurs, selon Stéphane Théolis, président de Théolis Transport, une entreprise d'enlèvement de déchets qui possède une division de récupération des résidus de CRD. " Pour obtenir leur certification ou la maintenir, les constructeurs ou les gestionnaires d'immeubles sont tenus de récupérer leurs résidus de construction, de rénovation et de démolition, ce qui accroît nos activités. "
DU CHANTIER AUX MARCHÉS
Les travaux de restauration ou de remplacement des infrastructures génèrent des tonnes de déchets lourds. Et cela ira en s'accenturant avec les grands travaux qui s'annoncent au Québec. Que faire de ces rebuts ? Voici comment on recycle le béton de ciment des routes, ponts et viaducs qui sont démolis.
1 Transport
Le béton est transporté par camion ou par conteneur vers un site de recyclage, comme celui d'HI-Tech Asphalte, géré par Bauval, un entrepreneur en travaux routiers, dans l'arrondissement Saint-Laurent, à Montréal.
2 Démolition
Le béton est récupéré sur des chantiers de voirie (routes, autoroutes, viaducs) et sur des ouvrages de génie civil industriels et commerciaux. Il est généralement trié sur le chantier. Le béton est cassé en gros morceaux pour en faciliter le transport.
3 Transformation
À cette étape, on procède au recyclage comme tel. Au site de recyclage de Bauval, par exemple, les morceaux de béton sont concassés en granules (20 mm, 56 mm ou 112 mm). On retire aussi la broche et les armatures contenues dans le béton. On contrôle la qualité du produit en utilisant comme référence la norme du Bureau de normalisation du Québec (BNQ) sur les granules de béton recyclé.
4 Réutilisation
Les utilisateurs du béton de ciment recyclé sont des villes et des entrepreneurs en travaux routiers. Les granules sont utilisées pour les fondations de routes et d'autoroutes sur lesquelles on ajoutera une couche d'asphalte. Les villes, par exemple, utilisent cette matière pour leurs trottoirs. S.G.
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