De nouvelles façons de parfaire son rôle

Publié le 03/10/2009 à 00:00

De nouvelles façons de parfaire son rôle

Publié le 03/10/2009 à 00:00

Oubliez les formations traditionnelles ! Dans ce dossier, nous vous présentons des cours, des programmes et des activités qui sortent de l'ordinaire afin d'aider les cadres à mieux faire leur travail.

LE CERCLE DE CRÉATIVITÉ

C'est quoi ? Un programme d'un an qui allie formation, groupe de codéveloppement, e-learning et réseau social sur le Web.

Pour quoi ? Pour instaurer une culture de la créativité dans une entreprise, accroître sa productivité, développer des produits, se démarquer de ses concurrents, mobiliser ses employés en vue de développer de meilleures façons de faire.

Pour qui ? Pour les gestionnaires, les professionnels ou les chargés de projet. Les cercles peuvent être formés de gestionnaires provenant de diverses organisations ou de responsables de plusieurs services au sein d'une même entreprise.

Combien ça coûte ? L'inscription au programme coûte de 10 000 à 12 000 $ par entreprise.

Comment ça fonctionne ?

Le cercle de créativité est un processus qui prévoit cinq journées de formation pour les responsables du programme dans l'entreprise (les sherpas), et deux journées de mise à niveau pour tous les participants inscrits au cercle.

Chaque entreprise peut y inscrire jusqu'à 10 participants, mais un seul - le sherpa - sera présent à toutes les rencontres. C'est lui qui sera responsable de l'implantation des outils de créativité dans son entreprise, tandis que les autres participants suivent leur formation en ligne.

Les journées obligatoires sont espacées de cinq semaines, de sorte que les participants peuvent tester les techniques apprises avec leurs employés avant de poursuivre le programme.

En s'inscrivant, chaque participant devient membre d'un réseau social, style Facebook, qui permet d'échanger des idées et de discuter avec d'autres participants.

Un cercle en Beauce

"Les employés sont incités à trouver des solutions innovatrices, davantage dans un contexte économique difficile. Mais bien souvent, ils n'ont aucune idée de comment s'y prendre", dit Suzanne Giroux, présidente de l'Hémisphère droit, entreprise de Québec à qui on doit la naissance du premier cercle de créativité au Québec, en Beauce, cofondé avec Raynald Lavoie, chargé de cours universitaire en publicité- marketing et consultant.

Mis sur pied en mai, le cercle a fait participer plusieurs entreprises et organismes de la région : Groupe Canam, Matiss, Procycle, Boa-Franc, la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin, le CLD Beauce-Sartigan et Image de Mark.

Pour cette dernière, une firme de stratégie et de marketing, la participation au cercle de créativité a été l'occasion de se pencher sur sa gestion interne. "Même si nous travaillons dans un domaine créatif, nous avons peu de temps pour nous préoccuper de nos propres méthodes de gestion, pris dans le quotidien. Pour nous, c'est important d'apprendre à saisir les occasions, à développer des services pour nos clients, à trouver des façons originales de recruter de la main-d'oeuvre", dit Éric-Michel Hallé, stratège.

"Développer la créativité nous permet de voir les choses sous différents angles, comme dans un kaléidoscope. Il y a des éléments de base qui ne se changent pas, comme le budget ou l'équipe, mais pour le reste, il y a de la latitude", ajoute Mme Giroux.

"Par exemple, poursuit-elle, la façon habituelle de mener une séance de remue-méninges ne convient pas à tout le monde. Nous présentons des techniques qui permettent de rejoindre tout le monde."

Plusieurs séances se déroulent au Musée des beaux-arts du Québec, ce qui permet aux gestionnaires de sortir de leur cadre. "Nous voulons qu'ils soient stimulés au contact de l'art", résume Mme Giroux.

Déjà, chez Image de Mark un comité interne se réunit une fois par mois. Le groupe travaille, entre autres, à identifier les barrières qui freinent l'émergence des idées. "Certaines personnes vont lancer toutes les solutions qui leur viennent en tête, même les plus irréalistes, alors que d'autres ont la critique plus facile. Connaître cette dynamique nous permet d'aller plus loin dans la discussion", affirme M. Hallé.

Si la Beauce est la seule région à bénéficier du cercle pour l'instant, Suzanne Giroux travaille à implanter deux autres cercles. "Nous aimerions, d'ici deux ans, former une dizaine de groupes du genre au Québec."

L'APPRENTISSAGE PAR LE JEU

C'est quoi ? Des jeux collaboratifs, des missions à réaliser en équipe ou des simulations qui permettent d'appliquer la théorie à la pratique.

Pour quoi ? Pour traverser une période de turbulences ou dans un contexte de changement, afin que les gestionnaires puissent communiquer les mêmes valeurs dans leurs interventions.

Pour qui ? Pour les gestionnaires de tous les niveaux, du chef de projet au président.

Combien ça coûte ?

Au Centre de formation par l'action, pour un groupe comptant une quinzaine de participants, il faut compter de 5 000 à 15 000 $, selon le nombre d'activités offertes.

Comment ça fonctionne ?

Après avoir exploré un thème, le leadership par exemple, les participants doivent mettre en pratique leurs connaissances dans des simulations, des mises en situation ou des jeux. Une période de rétroaction avec le formateur et les participants permet ensuite de faire des liens entre le jeu et les situations vécues en entreprise. Les activités permettent de travailler sur un seul comportement ou peuvent s'inscrire dans une démarche à long terme.

Du coaching individuel ou des groupes de codéveloppement s'ajoutent par la suite, pour effectuer une rétroaction sur les changements de comportement, les problèmes survenus en cours de route, les obstacles.

Prioriser l'action

L'apprentissage par le jeu et l'expérience, le Centre de formation par l'action s'y connaît. Depuis 1992, la société de Sherbrooke a formé les employés de dizaines d'entreprises grâce à cette méthode. Bien connu pour ses activités de consolidation d'équipe, le Centre a également mis au point une série d'ateliers s'adressant aux gestionnaires : leadership, rétroaction, communication, résolution de problèmes, gestion des employés difficiles, mission et valeurs, etc. "Ce sont des thèmes traditionnels, mais qui sont traités à 80 % dans l'action", indique Michel Rodrigue, directeur général.

Des notions plus simples jusqu'aux plus complexes, des activités viennent appuyer le contenu éducatif. "Par exemple, lorsque nous travaillons sur le leadership, nous pouvons confier l'animation d'une activité à un participant. Ensuite, tout le monde est appelé à commenter son style. A-t-il tendance à prendre la place des autres quand cela ne fonctionne pas à son goût ? A-t-il réussi à donner de bons conseils pour mener à bien la tâche ? A-t-il été clair dans ses consignes ? Les personnes sont même parfois filmées pour qu'elles puissent prendre conscience de leur attitude", illustre-t-il. Cela permet de confronter ses perceptions à la réalité.

Avantage notable : le fait de former plusieurs gestionnaires d'une même entreprise ensemble leur permet de se mettre au diapason de leurs collègues, ajoute-t-il. "C'est très important qu'il y ait une cohésion dans les actions des gestionnaires. C'est pourquoi nous travaillons beaucoup sur les valeurs propres à l'entreprise, mais également sur celles que partagent l'équipe de gestion."

Des entreprises comme IBM, Hydro-Québec ou Enviro-Accès se sont prêtées au jeu. "Ce genre d'activité est très révélatrice. En contexte de jeu, les comportements naturels ressortent. Et, même si c'est ludique, il y a un stress inhérent aux missions qui nous sont confiées. On peut donc voir comment les gens réagissent. Ce sont des informations qui servent énormément en contexte de travail", indique Manon Laporte, pdg d'Enviro-Accès, qui a utilisé cette formation il y a quelques années, alors que son équipe devait être divisée dans deux bureaux.

Jouer à l'interne

À l'Institut coopératif Desjardins, la formation par le jeu fait partie du programme des 2 000 gestionnaires et dirigeants qui fréquentent cette université d'entreprise. Au menu, simulations, jeux de rôles, quiz, etc. "Nous travaillons beaucoup sur le rôle du gestionnaire, du dirigeant. Pour amener la connotation de rôle, il faut sortir du quotidien", explique Josée Ouellet, vice-présidente, développement de l'organisation et des personnes et soutien au groupe réseau.

Desjardins l'utilise, entre autres, pour comprendre les attentes de clients, en se glissant carrément dans leur peau. Par exemple, lorsque les baby-boomers se mettent dans les souliers des jeunes, le déclic se fait presque instantanément, illustre-t-elle. Ils pensent tous à leurs propres enfants et se mettent à faire des liens avec les gens qu'ils connaissent.

"Le jeu permet de donner une occasion de travailler sur soi, renchérit-elle. Avec le jeu de rôle, vous quittez ce que vous êtes, vous entrez dans la peau du personnage. Comme les participants se dépersonnalisent, ils peuvent aller plus loin dans leur réflexion."

APPRENDRE DEVANT L'ÉCRAN

Pour quoi ? Pour tester un comportement ou ses connaissances dans un environnement virtuel.

Pour qui ? Tant les cadres que leurs employés.

Combien ça coûte ?

Pour être rentable, le jeu sérieux doit s'adresser à plusieurs. Il faut compter au moins 70 000 $ par heure de jeu créée, selon le CEFRIO.

Comment ça fonctionne ?

Il existe deux types de jeux sérieux : un où les joueurs doivent acquérir des connaissances qui leur permettent de franchir les différentes étapes, et un autre où ils doivent mettre à profit leurs compétences (à résoudre des problèmes, à collaborer, à réagir en cas de problème, à composer avec certains types de clients) pour accéder à un niveau supérieur.

Le jeu sérieux permet de reproduire un environnement dans lequel les employés peuvent s'exercer, alors que ce serait difficile autrement. "Il s'agit avant tout de faire vivre aux participants des expériences enrichissantes, en étant immergé dans un environnement virtuel collé sur la réalité de l'entreprise. Cela rejoint la simulation et l'apprentissage par l'action. Les jeux permettent de dépasser l'acquisition de connaissances par l'apprentissage classique formel", dit Hugues Foltz, pdg d'Ellicom, qui a déjà travaillé avec Hydro-Québec, TechnoCompétences et AXA.

Cet assureur est en train d'élaborer un univers virtuel qui permettra à ses souscripteurs d'évaluer le risque... sans en prendre ! Un projet pilote qui conjugue jeu sérieux, technologie et apprentissage. "Cela fait partie d'une grande refonte de notre offre de formation, pour utiliser des outils comme le e-learning, le coaching, les exercices à faire sur papier, etc.", explique le directeur principal, formation et développement organisationnel, Robert Dubreuil.

Dans cette plateforme, le souscripteur met en pratique la théorie apprise en classe. "L'utilisation de cet outil permet de développer des compétences et des réflexes dans l'analyse du risque."

Selon lui, les nouvelles solutions qu'offrent les technologies s'avèrent très intéressantes pour former la relève, une cible idéale pour ce type de produit. "Dans tous les secteurs d'activité, surtout dans la nôtre, il y a de moins en moins de personnes disponibles pour donner du coaching et de la formation aux principes de base. Il faut donc trouver des moyens plus innovateurs de former la relève", note-t-il. Le jeu sérieux est l'un d'entre eux.

Simulateur d'entreprise

Si la technologie avance à grands pas, le jeu sérieux n'en est qu'à ses débuts dans les entreprises québécoises, surtout pour une clientèle aussi ciblée que les gestionnaires. Une question de coût. "De plus, les entreprises sont parfois frileuses à l'idée de modifier un comportement grâce à un jeu vidéo, indique Éliane Limbert, directrice de projet au CEFRIO. Mais tout est question de stratégie d'apprentissage."

Toutefois, à cheval entre la formation en ligne et le jeu sérieux, les simulateurs peuvent également être intéressants. Même s'ils n'empruntent pas au jeu vidéo, ils permettent de se familiariser avec certains logiciels. HEC Montréal a mis sur un pied un simulateur d'entreprise. Sous forme de jeu, ERPsim permet d'apprendre à travailler avec le système de progiciel intégré SAP. Des équipes s'affrontent en gérant la fabrication et la mise en marché d'un produit, en achetant les matières premières, en les vendant, etc.

Le simulateur a suscité un tel engouement qu'il a fait son chemin dans une cinquantaine d'universités dans le monde et dans plusieurs entreprises. "Le fait de vivre une expérience qui se rapproche de la réalité, d'être en position de prendre des décisions, de faire des essais et des erreurs, permet d'apprendre plus rapidement et de retenir les notions apprises", dit Pierre-Majorique Léger, un des professeurs de HEC Montréal qui a développé la plateforme.

C'est quoi ? Le jeu sérieux ressemble aux jeux vidéo auxquels s'adonnent les jeunes, mais présente un contenu adapté aux entreprises.

dossiers@transcontinental.ca

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