Culture et réinsertion sociale font bon ménage

Publié le 22/11/2008 à 00:00

Culture et réinsertion sociale font bon ménage

Publié le 22/11/2008 à 00:00

Le Festival international de jazz de Montréal s'est toujours engagé auprès de la relève musicale, que ce soit par sa programmation ou par son Camp de blues, gratuit pour les jeunes musiciens. Mais l'équipe Spectra, couronnée pour son engagement social et communautaire lors des Mercuriades 2008, soutient également des jeunes malmenés par la vie.

Depuis quelques mois, elle a ouvert ses portes à une jeune fille atteinte d'une légère déficience intellectuelle. Supervisée par le Centre François- Michelle, la stagiaire de 17 ans se rend un jour par semaine dans les bureaux pour classer des disques, découper les journaux pour la revue de presse ou préparer les envois postaux. "Nous sommes les premiers à offrir à ces jeunes une place de stagiaire dans un bureau. Nous sommes en quelque sorte leur marché test", explique Marie-Ève Boisvert, directrice des relations de presse.

C'est elle qui a soumis l'idée à ses patrons, qui n'ont pas hésité à se lancer dans l'aventure. "Les festivals et les grands spectacles, ça apporte beaucoup de bonheur aux gens. Mais parfois, il y a des gestes encore plus simples et qui peuvent faire une réelle différence dans la vie des jeunes en difficulté, affirme Mme Boisvert. L'entreprise est très ouverte à ce genre de projets et, après 30 ans d'existence, elle a les reins assez solides pour appuyer ces initiatives."

Plus qu'un boulot

Depuis sept ans, l'équipe Spectra travaille aussi avec CIME Jeunesse, un organisme qui sert d'intermédiaire entre des jeunes en difficulté et des employeurs. En collaboration avec l'organisme, la compagnie donne une première chance à des jeunes provenant, pour la plupart, de centres jeunesse. L'an dernier, une dizaine d'entre eux se sont joints à l'équipe d'entretien comptant 70 personnes.

De jour, de soir ou de nuit, ils passent le balai, vident les poubelles, ramassent les détritus et s'assurent que le site demeure propre pendant le Festival de jazz et les Francofolies. "Ce sont des jeunes marginalisés. Plusieurs d'entre eux ont des problèmes de comportement, d'autres de santé mentale", indique Jean-Pierre Bédard, fondateur de CIME Jeunesse.

Faire partie de l'équipe

CIME Jeunesse offre parfois des projets clé en main à ses clients en fournissant la main-d'oeuvre, en supervisant le travail et, parfois même, en payant une partie des salaires. Mais ce n'est pas le cas avec l'équipe Spectra. Les jeunes, intégrés dans les équipes de travail sont traités sur le même pied d'égalité que tous les autres. Même s'ils font l'objet d'une présélection par CIME Jeunesse, ils passent une entrevue avec Spectra et, lorsqu'ils sont sélectionnés, touchent le même salaire et sont soumis aux mêmes conditions de travail. "Pour eux, c'est une source de fierté et de motivation de faire partie de l'équipe à part entière", estime Benoit Robitaille, superviseur à l'entretien qui travaille avec les jeunes au quotidien.

L'alliance avec CIME Jeunesse donne un bon coup de pouce au recrutement de la brigade de nettoyage. Un net avantage. "Cela nous permet d'élargir nos banques de candidats puisque l'organisme identifie les participants capables et motivés, dit M. Robitaille. Plusieurs reviennent année après année."

Autre atout : l'organisme forme les jeunes aux réalités du travail dans les grands événements. "Nous travaillons beaucoup sur leurs compétences sociales. Nous les préparons à réagir à certaines situations, comme de faire face à une personne en état d'ébriété", explique Jean-Pierre Bédard.

Un pari risqué ? "Au début, je me demandais comment ça irait, parce que ces jeunes n'ont pas nécessairement les mêmes habiletés sociales que d'autres. On le voit, par exemple, à leur façon de s'exprimer en entrevue", explique-t-il. Mais selon lui, ils s'adaptent en général très bien.

Des expériences qui font une différence

CIME Jeunesse collabore à plusieurs festivals montréalais, comme le Festiblues ou encore Nuits d'Afrique. Mais l'équipe Spectra a été une des premières à s'engager dans l'aventure, indique le fondateur.

"Pour nos jeunes, le Festival de jazz, c'est vraiment la meilleure expérience possible. S'ils sont capables de passer au travers, ils en tirent une réelle fierté."

Véronique Blais, 18 ans, en témoigne. "Sans cette expérience, je doute que je me serais rendue où je suis aujourd'hui", raconte celle qui est devenue chef d'équipe pour l'entretien des sites au bout de trois ans.

En effet, si la tentation de quitter l'école avant d'avoir terminé ses études secondaires était grande, elle s'accroche maintenant à un objectif : "Je sais que je veux m'orienter dans le domaine de la logistique. Grâce à mon travail au Festival de jazz, j'ai même décroché un premier emploi dans ce domaine !"

lesaffaires.redaction@transcontinental.ca

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