Comment se rendre indispensable

Publié le 01/05/2009 à 00:00

Comment se rendre indispensable

Publié le 01/05/2009 à 00:00

Même si on dit que personne n'est irremplaçable, vous êtes déterminé à prouver le contraire. Que faire pour que votre employeur ne puisse plus se passer de vous ?

À quoi ressemble le cadre ou l'employé idéal ? Celui que les patrons seraient bien malheureux de devoir remercier de ses services ? Le dernier dont ils voudraient se défaire lors d'une restructuration ou d'une période difficile ? Affaires PLUS a posé la question à des dirigeants. Les qualificatifs " autonome ", " responsable ", " fiable ", " doté d'un bon esprit d'équipe ", " positif ", " créatif face aux problèmes " semblent faire l'unanimité. Prenez par exemple Kazimir Olechnowicz, le président de CIMA+, cette firme d'ingénierie de 1 300 employés qui a elle-même figuré à plusieurs reprises dans des palmarès de bons employeurs. " Un bon employé termine les mandats qu'on lui confie dans les délais prescrits, dit-il. Il n'a pas besoin d'être suivi à la trace ni qu'on lui dise quoi faire. Il sait aussi prendre des initiatives et même des risques intelligents. "

Quant à Nicolas Ayotte, vice-président des opérations pour le Québec chez Xerox, il recherche des personnes qui voient dans les changements des occasions plutôt que des problèmes. " Tout est une question d'attitude ", lance-t-il. Pour sa part, Yves Ros-coni, président de Theratechnologies, une biopharmaceutique qui compte une cen-taine d'employés, apprécie les gens qui sont en mode résolution de problèmes. " Au lieu de simplement critiquer, ils cherchent des solutions, précise-t-il. Ils ont à coeur de faire avancer l'entreprise. "

Mais comment passer de la théorie à la pratique ? Comment devenir cette perle ? Voici quelques pistes.

1" Vendre " ses services

Ian Kaiser, directeur principal chez Knightsbridge, une firme de consultants en gestion du capital humain, suggère d'agir comme un... travailleur autonome. " Il doit sans cesse vendre ses services, explique-t-il. Considérez-vous, vous aussi, comme un fournisseur de services. Demandez-vous si vous ajoutez de la valeur à l'entreprise. Êtes-vous un atout ou seulement "passable" ? " Répondez honnêtement : si vous le pouviez, est-ce que vous vous embaucheriez ?

Un bon point de départ consiste à traiter votre employeur et vos collègues comme s'ils étaient vos meilleurs clients. Pour cela, il faut bien comprendre leurs préoccupations, leurs contraintes, leurs attentes et leurs priorités. Si vous étiez à votre compte et que vous décrochiez un mandat, vous vous assureriez de bien en comprendre la teneur avant de vous mettre à l'ouvrage, n'est-ce pas ? " Alors, n'ayez pas peur de poser des questions à vos clients, qu'ils soient internes ou externes, pour bien répondre à leurs besoins ", dit Andrée Mercier, associée principale Gestion des talents chez Hewitt & Associés, une firme de consultants en ressources humaines.

Efforcez-vous aussi d'occuper des fonctions qui vous plaisent. " J'aime les gens passionnés qui ont du plaisir au travail, ajoute Kazimir Olechnowicz. C'est pour cela que je leur demande ce qu'ils aiment faire : de la conception ? de la gestion de projet ? du développement d'affaires ? " Si votre patron n'a pas cette délicatesse, prenez les devants et exprimez vos désirs. Après tout, un travailleur autonome fait ce qu'il aime (du moins, autant que possible). Il reste motivé, ce qui est le gage d'un travail de qualité.

2 Remplir ses engagements

Fondamental, me direz-vous. " Il faut être axé sur les résultats, devenir quelqu'un sur qui on peut compter ", résume Alain Forget, associé chez Analys psychologie organisation-nelle. Cela peut signifier faire des efforts supplémentaires pour qu'un projet aboutisse, travailler de longues heures, se creuser la tête davantage, faire des conférences téléphoniques le soir à cause du décalage horaire, etc.

Fournir un rendement minimum n'est jamais une façon de se faire apprécier. Et encore moins en période économique difficile. " Ce n'est pas en traînant les pieds qu'on aide l'entreprise à se tirer d'affaire ", ajoute le psychologue. Il faut plutôt redoubler d'efforts et d'imagination pour lui permettre de traverser la crise. Autrement dit, faire partie de la solution, et non du problème.

Mais n'allez quand même pas jusqu'à coucher au bureau. Sous le coup de la fatigue, vous risquez de perdre de l'efficacité et de multiplier les erreurs. Sophie Seguin, présidente de Ruze Communication, une entreprise spécialisée en marketing responsable et en communication graphique écologique, respecte les employés qui sont capables de fixer leurs limites. " Travailler six jours par semaine, ne pas savoir s'arrêter, peut mener à l'épuisement professionnel. Je veux garder mes employés longtemps. Je cherche donc des gens qui prennent soin de leur santé psychologique et physique. "

3 Se concentrer sur les solutions

Les patrons craquent pour les employés qui sont capables de dire : " Nous n'avons pas pensé à ceci... Nous pourrions améliorer tel élément de telle façon ". Pour la coach Claudine Bergeron, regarder vers l'avant sans s'appesantir sur le passé est une bonne façon de se démarquer. " Cela incarne l'espoir et dénote une bonne confiance en soi. " Attention au ton, cependant. " La critique négative passe très mal ", souligne Andrée Mercier. On y va plutôt de façon construc-tive, en insistant sur les aspects positifs.

Lors d'une réunion, faire acte de présence ne suffit pas. Il faut parcourir la documentation, réfléchir aux problèmes qui seront soulevés, envisager des solutions. Bref, apporter une contribution concrète.

La situation économique vous inquiète ? Ne vous laissez pas aller à tout voir en noir. " La meilleure attitude à adopter, celle qui sera le plus utile à l'entreprise, consiste à se retrousser les manches ", soutient Claudine Bergeron.

4 Apprendre

Le développement des compétences est une responsabilité individuelle. " À ce chapitre, ne vous en remettez pas entièrement à votre employeur, conseille Alain Forget. Après tout, c'est de votre employabilité qu'il s'agit. " Prenez les devants. Soyez à l'affût des formations, des séminaires et des conférences qui sont offerts, et demandez d'y assister.

Pour connaître vos forces et les points à améliorer sur le plan interpersonnel, il peut être pertinent de se soumettre à une évaluation 360 degrés. Il faut une bonne dose d'humilité, mais l'exercice est salutaire. Proposez-le. Et si on refuse en raison de contraintes budgétaires ou pour toute autre raison, tout n'est pas perdu. " Le simple fait de s'être porté volontaire sous-entend qu'on veut développer ses qualités de gestionnaire ", dit Ian Kaiser.

5 Se montrer agréable

Les compétences relationnelles font souvent la différence entre une personne à qui l'organisation tient et celle dont elle voudrait se défaire. On a beau être un crack dans son domaine, si on projette l'image d'un être suffisant et arrogant, ou si on est détestable, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Par conséquent, il vaut mieux laisser son sale caractère à la maison. Au bureau, on s'efforce d'être aimable et de commerce agréable.

Ian Kaiser conseille de rétablir au besoin les ponts avec les collègues avec lesquels on est en froid. On peut utiliser la manière directe : " Peut-on prendre un café pour discuter ? Il me semble que nous pourrions mieux travailler ensemble ". Ou le faire progressivement : commencer par saluer la personne, lui fournir une information qui pourrait lui être utile, lui rendre un service, etc.

6 Partager

" Je suis le seul à savoir quoi faire. Donc, je suis indispensable. " Vous raisonnez ainsi ? Mauvais calcul. " En vous conduisant de la sorte, vous n'agissez pas dans l'intérêt commun, tranche Andrée Mercier, et cela finira par miner la confiance de l'employeur. Quand le lien de confiance est brisé, rien ne va plus. " Il faut au contraire partager ses connaissances, donner un coup de main aux collègues, voire être le mentor d'une nouvelle recrue. Cette attitude vous vaudra plus d'appréciation que celle de la diva. De plus, un employeur y réfléchit toujours à deux fois avant de se défaire d'un employé qui représente un modèle pour les autres. Et c'est encore plus vrai en période de récession. En effet, si on garde l'information pour soi, on ralentit l'équipe et donc, les résultats. " Nous avons demandé à des employeurs les qualités qu'ils appréciaient le plus chez leurs employés, souligne Andrée Mercier. La générosité figurait parmi les premières. "

De toute façon, le travail d'équipe est un incontournable dans l'échelle de valeurs des employeurs, et vous le savez bien. Yves Rosconi, par exemple, ne tolère pas le "chacun pour soi". C'est pourquoi il s'est assuré que le travail en équipe soit un aspect de l'évaluation du rendement des employés de Theratechnologies.

7 Se faire valoir

On doit travailler autant que possible sur des dossiers stratégiques. " Ce sont des projets qui sont critiques pour l'entreprise ou qui peuvent la mener à la réussite, par opposition aux activités qui peuvent être sous-traitées, délocalisées ou abandonnées ", explique Alain Forget. C'est une évidence : comment faire pour que votre patron vous juge indispensable si vous êtes affecté à un secteur qui n'est pas rentable ou qui apporte peu ou pas de valeur ajoutée ? Il est vrai qu'on n'a pas toujours le contrôle là-dessus. Gardez au moins l'oeil ouvert sur les possibilités, et n'hésitez pas à postuler à un poste dans un autre service.

Une autre tactique consiste à travailler sur des dossiers spéciaux. Les projets transversaux, qui exigent la collaboration de divers services ou divisions, sont particulièrement payants. " C'est une occasion de se faire valoir auprès de personnes que l'on côtoie moins régulièrement ", soutient Alain Forget.

Cela dit, si vous vous rendez indispensable, attendez-vous à être sollicité plus souvent ! On pensera à vous pour des projets particuliers, des dossiers complexes, des problèmes à régler. La rançon de la gloire, quoi !

À LIRE

Bulletproof Your Job: 4 Simple Strategies to Ride Out the Rough Times and Come Out on Top at Work, par Stephen Viscusi, New York, Collins Business, 2008, 192 p.

ILS VEULENT VOUS GARDER

Malgré la conjoncture économique difficile, les employeurs cherchent surtout à conserver leurs bons employés, selon un sondage de Robert Half International mené à l'automne 2008 auprès de 100 dirigeants canadiens. Interrogés sur ce qui les préoccupait le plus en matière d'effectifs, 35 % ont choisi la loyauté, et 23 % l'honnêteté. Le recrutement (22 %) et la productivité (17 %) arrivaient en troisième et quatrième places.

FREINEZ VOTRE APPÉTIT

Même si vous vous savez apprécié, ne soyez pas trop gourmand. Quand une entreprise voit ses profits fondre et qu'elle doit supprimer des postes, ce n'est pas le moment pour ceux qui restent de demander une augmentation de salaire. Continuez à vous investir. Quand la crise sera passée, votre performance jouera en votre faveur.

SURVIVRE À UNE RÉCESSION

Pour les consultantes américaines Janet Banks et Diane Coutu, les " survivants " sont capables à la fois de regarder la réalité en face et d'élaborer des projets pour l'avenir. Voici les conseils de ces deux spécialistes :

Mettre l'accent sur l'avenir en se concentrant sur les besoins des clients. Sans eux, personne n'aurait d'emploi.

Appuyer son patron. Lui proposer des solutions réalistes. Ne pas combattre le changement, mais plutôt agir comme un agent mobilisateur auprès de ses collègues.

Montrer un bon esprit d'équipe. Cela compte davantage que la compétence technique.

Source : " How to Protect Your Job in a Recession ", Harvard Business Review, septembre 2008.

aplus@transcontinental.ca

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