CO2 Solutions met le cap sur les pétrolières et l'Ouest canadien

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:18

CO2 Solutions met le cap sur les pétrolières et l'Ouest canadien

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:18

Grâce à sa technologie de capture du gaz carbonique à l'aide d'enzymes, CO2 Solutions visait les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES) : les centrales thermiques au charbon. Mais voilà la société de Québec qui attaque le secteur pétrolier, où elle mène un projet pilote dans les sables bitumineux albertains, suscitant l'intérêt de la norvégienne Statoil.

«On a recentré notre marketing à la fin de 2011 pour développer d'autres marchés, dit le président et chef de la direction de CO2 Solutions, Glenn Kelly. Avant, on se concentrait sur l'Europe et les États-Unis, et en ce moment, on regarde dans notre cour, dans l'Ouest canadien.»

Bien que moins important, ce marché semble plus accessible à court terme que celui des centrales thermiques au charbon, qui dépendra largement de la réglementation à mettre en place afin de limiter les émissions de GES.

CO2 Solutions a été fondée à Québec en 1997, l'année du protocole de Kyoto. Tous les espoirs étaient alors permis pour les technologies qui réduiraient les émissions de GES. «Le ralentissement brutal de l'économie en 2008 a changé la donne. Quand l'économie connaît des difficultés, l'environnement passe de la priorité numéro un à la priorité numéro 10», constate M. Kelly.

D'autres pays et états suivront un jour la trace de la Californie ou du Québec, qui ont mis en place un système de plafonnement et d'échange du CO2. «Mais dans l'attente de réglementations plus contraignantes, on a recentré nos efforts vers des industries dans lesquelles les dirigeants voient déjà une utilité économique à capter le CO2», précise l'entrepreneur.

Les promesses de l'Ouest

Entre-temps, les sables bitumineux offrent un marché prometteur. La taxe albertaine de 15 $ pour chaque tonne de CO2 émise incite les industries à se préoccuper de l'environnement, d'autant qu'il est question de l'augmenter à 40 $. La capture du carbone à l'aide de l'anhydrase carbonique, une enzyme, est de 30 à 40 % moins chère que les technologies concurrentes. Une fois capté, le gaz carbonique peut être séquestré dans des gisements vides ou converti en matières solides inertes (comme le bicarbonate de soude) pour réutilisation dans les procédés industriels.

CO2 Solutions mène actuellement un projet pilote de 7,5 millions de dollars en Alberta, soutenu par les gouvernements canadien et albertain. Elle a aussi signé un partenariat avec Shell, Chevron, BP, Eni et Petrobas qui veulent avoir accès à toutes les données scientifiques de ce projet pilote. La pétrolière norvégienne Statoil, qui est la plus avancée du monde dans la gestion des GES, a signé un partenariat similaire tout récemment.

Le projet pilote sera mené à petite échelle avec un partenaire des Pays-Bas à la fin de cette année, avant d'être étendu à l'échelle industrielle en Alberta en 2014.

Une bonne stratégie

Deux spécialistes des enjeux énergétiques considèrent judicieuse la stratégie d'attaquer le marché des sables bitumineux.

«Ce n'est pas une source d'émission aussi concentrée que les centrales thermiques au charbon, mais c'est un marché plus accessible rapidement. Car il y a en Alberta une vraie incitation réglementaire à réduire les émissions de GES. Il y a aussi une question d'image qui entre en jeu pour l'industrie des sables bitumineux», indique Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal.

«C'est en effet un point critique, dit Joseph Doucet, professeur à l'Université de l'Alberta. Les gens le voient désormais comme une condition au développement de nouveaux marchés. Tous les intervenants politiques et sociaux posent maintenant des questions sur les impacts environnementaux de l'industrie, qui doit arriver à de meilleurs résultats.»

L'Alberta, qui doit exporter davantage de pétrole pour soutenir l'augmentation de sa production, a tout avantage à se mettre au vert. Le patron de CO2 Solutions dit avoir besoin de vendre une demi-douzaine d'unités dans les sites albertains pour «atteindre plusieurs centaines de millions de dollars de capitalisation en Bourse».

Glenn Kelly entrevoit par ailleurs que, vers 2015-2017, le marché des centrales thermiques au charbon s'ouvrira pour sa société, à la faveur d'adoptions de systèmes de plafonnement et d'échanges par d'autres pays et États. «Ça me semble une cible optimiste», dit Pierre-Olivier Pineau.

valerie.lesage@tc.tc

Dans cette série, nous décodons la stratégie internationale d'une entreprise canadienne et analysons ses risques.

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