Bechtel, géant mondial de l'ingénierie, a récemment revu de fond en comble les activités de son bureau de Montréal. Sans préciser le nombre de mises à pied, l'entreprise confirme que la réorganisation touchera des employés montréalais.
«Les opérations de la région EAM - Europe, Afrique et Moyen-Orient - autrefois dirigées à partir de Montréal, sont aujourd'hui orchestrées par notre nouveau bureau situé à Dubaï, aux Émirats arabes unis», confirme par courriel Frédéric Perreault, spécialiste régional des communications chez Bechtel Canada.
Le bureau de Montréal des mines et métaux de Bechtel est maintenant le centre administratif de l'entité mondiale d'affaires pour l'ensemble du Canada, des États-Unis et du Mexique. «Ce bureau nous permet de concentrer nos efforts sur nos clients nord-américains ainsi que sur les ressources se trouvant sur ce territoire», écrit Frédéric Perreault.
Au siège social de l'entreprise, à San Francisco, on est plus loquace qu'à Montréal. Par courriel, Kerry Heldon, gestionnaire des affaires corporatives chez Bechtel, confirme que «les employés de Bechtel seront touchés par cette réorganisation, mais nous sommes une grande entreprise et nous sommes confiants quant à notre capacité à trouver des solutions pour la majorité des employés qui seront affectés.»
Il indique ne pas connaître le nombre exact d'emplois visés, assurant que Bechtel «travaillera à réduire au minimum quelque impact que ce soit».
Les activités du Centre d'excellence de l'aluminium de Bechtel, situé à Montréal depuis sa création en 1998, ne devraient pas être concernées par la réorganisation, assure Kerry Heldon. Le centre qui «fonctionne normalement» devrait continuer de développer des innovations et de nouvelles technologies dans le secteur de l'aluminium.
La fin des années fastes
La restructuration s'ajoute à l'arrêt de certaines activités québécoises de Bechtel qui, au tournant du siècle, avait jeté les bases d'un partenariat avec BPR, menant ainsi à la création de BPR-Bechtel. En 2011, Bechtel a vendu ses parts de l'organisation qui, depuis, se nomme Tetra Tech Industries.
Cette décision de l'entreprise américaine ne surprend pas outre mesure Louis Hébert, professeur titulaire à HEC Montréal, spécialiste en stratégies internationales. Le secteur de l'aluminium subit une double pression qui lui fait dire que «les années fastes» où le Québec était un leader «sont probablement terminées». Tout d'abord, la concurrence chinoise et russe tire les prix vers le bas ; ensuite, l'aluminium arrive «sûrement» dans sa période de maturité.
«L'aluminium a servi de substitut au fer. C'est à son tour d'être remplacé dans certaines de ces fonctions, par le carbone cette fois», dit-il. Résultat : afin de rester concurrentiels, des géants comme Bechtel doivent déménager leurs activités et, du coup, «se rapprocher de régions qui ont, de plus, une croissance plus élevée».
Rappelons que Bechtel est présente au Québec depuis 1950. L'entreprise américaine a entre autres participé au mégaprojet hydroélectrique de la baie James, à la construction des alumineries d'Alma, de Deschambault et de Laterrière, ainsi qu'au projet de mine de nickel de Raglan. Les projets en cours comprennent notamment le projet de modernisation de l'aluminerie de Kitimat et le projet Twin Metals.
