Pour combler le manque de jeunes candidats, les trois ordres comptables ont lancé plusieurs offensives pour séduire leurs futurs membres. L'objectif ? S'attaquer à cette image de quinquagénaire aux bas bruns et au nez collé sur ses colonnes de chiffres.
" La profession comptable a un problème d'image. Pour les jeunes, ce n'est pas la plus sexy en ville ", concède François Renauld, président de l'Ordre des comptables en management accrédité (CMA) du Québec. Par exemple, les téléromans ne cessent de dépeindre les professionnels de la comptabilité comme des hurluberlus pires les uns que les autres.
C'est pourquoi, il y a cinq ans, l'Ordre des CMA a lancé la communauté virtuelle Ma Clic CMA à l'intention des jeunes du collégial et même du secondaire, en leur montrant un visage rajeuni de la profession. " Notre objectif n'est pas de recruter directement ces jeunes, mais de leur montrer comment on peut s'éclater en dehors des colonnes de chiffres, avec l'aspect gestion par exemple. On s'assure ainsi qu'à l'heure des choix, la profession de CMA sera au moins sur leur écran radar. " Offrant capsules, témoignages, concours, sondages, le site gagne en popularité, ayant attiré 4 500 nouveaux membres l'an dernier.
L'Ordre des comptables agréés (CA) a lui aussi mis sur pied des initiatives dans le même sens. Depuis 2004, des campagnes de publicité massives tentent également de redorer le blason de la comptabilité. La dernière en date présente les CA en superhéros du monde des affaires.
Des campagnes réussies
Résultat : le nombre de candidats qui désirent obtenir un titre comptable est en augmentation constante. " En quatre ans, nous avons constaté une augmentation de 55 % du nombre de candidats aux examens ", estime Diane Messier, vice-présidente de l'Ordre des CA. En 2006, 489 personnes s'étaient inscrites; pour 2009, elle prévoit 700 inscriptions. Les CGA ne sont pas en reste, avec plus de 1 000 membres supplémentaires en six ans.
L'Ordre des CMA jongle avec la plus forte croissance nette des ordres comptables, indique son président. En 2007-2008, une augmentation de 4 % s'est traduite par 250 professionnels en plus.
" Malgré tout, nous ne réussissons pas à satisfaire la demande du marché ", soutient M. Renauld.
LES PRIMES À L'EMBAUCHE MISES AU RÉGIME
Si, ces dernières années, plusieurs organisations ont délié leurs goussets en offrant d'importantes primes à l'embauche pour attirer les candidats, cette tendance tend à s'essouffler.
" Il y a quelques années, les primes à l'embauche étaient alléchantes, parfois jusqu'à jusqu'à 20 000 $. Cette pratique est moins courante aujourd'hui ", indique Francis Pallascio, président de la firme de recrutement en finance et comptabilité Kérosène.
Un point de vue que ne partage pas Jean-Philippe Gauthier, directeur du recrutement chez Robert Half, Finance et Comptabilité. " Ce genre de prime n'a jamais été très utilisé à Montréal, contrairement au marché américain. " Toutefois, les employeurs commencent à délier les cordons de la bourse pour conserver leurs recrues, dit-il.
En effet, dans un contexte où les organisations doivent se serrer la ceinture, la pression s'accentue sur les équipes, souvent plus petites. " Selon un sondage mené par Robert Half, 35 % des cadres en comptabilité et en finance estiment que la fidélisation des employés arrive en tête de leurs préoccupations ", indique-t-il.
Si bien que le recruteur a vu apparaître des primes de maintien en poste. " Plutôt que de verser une somme importante au nouvel employé lors de l'embauche, les employeurs accordent des primes étalées dans le temps ", précise-t-il.
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